La piscine nucléaire de Belleville abandonnée : Un succès, mais…
Par plusieurs articles relayés de divers sites (voir liens en fin d’article), nous vous avions tenus informés des projets d’EDF d’acheter des terrains agricoles autour des centrales nucléaires existantes pour y implanter des piscines de stockage de déchets nucléaires en vue de retraitement et notamment à Belleville-sur-Cher. On vient d’apprendre que ce projet est abandonné. Nous vous proposons ci-après des extraits de l’article de Reporterre.
C’est un rebondissement de taille dans la stratégie de gestion des combustibles nucléaires usés en France. Lundi 29 juin, le quotidien régional Le Berry républicain a annoncé qu’EDF renonçait à installer ses nouvelles piscines d’entreposage dans la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (Cher). EDF dit s’intéresser désormais à l’usine Orano (ex-Areva) de retraitement de La Hague (Manche).
Les bassins de La Hague pourraient arriver à saturation entre 2025 et 2035
De quoi parle-t-on exactement ? Les cinquante-six réacteurs nucléaires français en fonctionnement produisent de l’énergie à partir d’assemblages de combustible à base d’uranium naturel ou de Mox (1) utilisables pendant trois à cinq ans. Une fois usés, ils sont extraits de la cuve du réacteur et entreposés quelques années dans des piscines situées dans l’enceinte même des centrales nucléaires, le temps de refroidir suffisamment pour être transportables. Ils sont ensuite transférés à l’usine Orano de La Hague où ils sont à nouveau immergés dans des bassins d’entreposage avant de connaître, selon leur nature, des destins différents : les combustibles uranium usés sont retraités pour en extraire de l’uranium issu du retraitement et du plutonium, ce dernier servant à la fabrication du Mox ; les combustibles Mox usés, eux, sont directement immergés dans les piscines et conservés là jusqu’à nouvel ordre, dans l’optique d’être peut-être réutilisés un jour — même si aucune piste sérieuse de réemploi n’existe pour le moment.
Problème, il entre plus de combustible nucléaire usé à La Hague qu’il n’en sort, et les quatre bassins de l’usine, d’une capacité de 17.600 tonnes de métal lourd irradié, se remplissent inexorablement. Selon l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), ils pourraient arriver à saturation entre 2025 et 2035. D’où le projet initial d’EDF de construire à Belleville-sur-Loire deux nouveaux bassins d’une capacité totale de 10.000 tonnes de métal lourd irradié, d’une durée de fonctionnement de cent ans, où seraient stockés principalement les assemblages de Mox usés. Le transfert du projet de nouvelles capacités d’entreposage de Belleville-sur-Loire à La Hague vient donc bouleverser un calendrier qui avait déjà pris du retard.
« Peut-être EDF a‑t-il compris que construire de nouvelles piscines dans les délais impartis, en présence d’une opposition montante et organisée, allait être très compliqué »
Avec ce transfert, EDF espère-t-il gagner du temps en contournant l’opposition grandissante à son projet ? C’est l’hypothèse de Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace. « Ce qui est très étrange, c’est qu’il avait été établi aussi bien dans le dossier d’options de sûreté que dans les réunions que cette nouvelle piscine allait être construite sur un site appartenant à EDF. L’usine de La Hague n’avait jamais été évoquée, indique-t-il à Reporterre. Peut-être EDF a‑t-il compris que construire de nouvelles piscines dans les délais impartis, en présence d’une opposition montante et organisée et malgré le refus de nombreux élus, allait être très compliqué. Le site de La Hague, lui, présente plusieurs avantages : les compétences nucléaires sont déjà là et il y a déjà tellement de combustibles nucléaires entreposés que les riverains, sans être acquis à la cause, pourraient se dire “un peu plus, un peu moins…” et ne pas réagir avec force. »
Depuis lundi soir, quelques voix se sont quand même élevées contre ce nouveau projet d’implantation. « Pour EELV, que ce soit à Belleville ou à la Hague, ce projet est un non-sens. Les déchets débordent à La Hague, l’usine n’a pas les capacités de stockage des combustibles irradiés au-delà de 2025 ou 2030 selon les sources averties, le Cotentin est déjà surnucléarisé, il faut arrêter les frais !!! » s’est indigné le groupe Europe Écologie-Les Verts-Normandie dans un communiqué. « Alors que les ruisseaux de la Hague témoignent de pollutions radioactives dites “conformes” aux valeurs limites, alors que les déchets nucléaires “historiques” abandonnés sur le site se rappellent à nous, l’heure n’est pas à l’accumulation des déchets entreposés à La Hague pour l’éternité faute de solution viable. (…) Le Cotentin mérite un meilleur avenir », a protesté le Crilan (Comité de réflexion, d’information et de lutte antinucléaire). Comme alternative au projet, ces deux organisations réclament la sortie progressive et immédiate du nucléaire pour « fermer le robinet » des combustibles nucléaires usés.
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- Un mélange d’uranium appauvri et de plutonium issu du retraitement du combustible uranium naturel retraité.
Pour lire l’intégralité de l’article oublié sous le tire “Face à l’opposition, EDF déplace son projet de déchets nucléaires de Belleville-sur-Loire à La Hague”, cliquez ici.
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