Nogent-le-Rotrou : Le spectacle vivant envisage l’avenir
Ce vendredi 13 novembre a été choisi par la CGT-Spectacle pour des rassemblements dans toute la France afin de lancer un cri d’alarme sur la situation catastrophique du secteur culturel fortement ralenti ou carrément arrêté par le confinement et sa prolongation. ‘’Au-delà des sympathiques mais insuffisantes déclaration de compréhension, le gouvernement doit nous entendre ‘’ affirme le syndicat. Il demande notamment ‘’des aides publiques massives ‘’ pour préparer les spectacles,’’ la garantie de tous les droits sociaux’’ (chômage, congés maternité et maladie…),’’ des protections sanitaires suffisantes ‘’ (accès aux soins et aux tests).
Au moins vingt-cinq personnes se sont réunies ce vendredi sur la pelouse du théâtre de Verdure de Nogent ‑le-Rotrou à l’appel des professionnels du Perche qui composaient la moitié de l’assistance. Certains et certaines sont venu.e.s de l’Orne comme les artistes de La Compagnie du Théâtre, de Val-au-Perche et de la Fanfare des Hautes Planches de Bretoncelles. Affluence satisfaisante pour les organisateurs même s’il a manqué du temps pour une plus large information, notamment du fait d’une autorisation préfectorale tardive, c’est une participation supérieure à celle du mois de juin.
Tour de parole
Marie-Sophie Richard du Théâtre Buissonnier tient à placer cette action dans un cadre général : de nombreux salariés, les citoyens et les jeunes sont confrontés à une situation subie qui empêche de se projeter dans l’avenir. Situation matérielle qui pèse aussi au niveau psychologique. Les gens relèvent des incohérences, ne sont pas consultés. Il est proposé un tour de parole et d’élargir la réflexion dans un cadre interprofessionnel et citoyen.
Mathieu Barbances évoque l’assurance chômage qui couvre actuellement les intermittents du spectacle mais à condition d’avoir travaillé. Il cite les chômeurs d’autres secteurs qui sont dans des situations très difficiles.
Si le droit de répéter est acquis, ce n’est pas le cas partout pour le droit de présentation des spectacles aux professionnels ou celui de participer à des résidences. Alexandre Colas de la Compagnie du Théâtre fait remarquer que les règles ne sont pas identiques selon les départements, les préfectures. Si bien que des troupes qui travaillent au carrefour de trois départements comme c’est le cas pour le secteur du Perche doivent s’informer des réglementations.
Ophélia Bard s’étonne qu’il soit rarement mis l’accent sur l’économie qu’engendre la culture : les gens qui travaillent sur la restauration collective des grosses productions, les loueurs de matériels, l’économie touristique autour des festivals, nombreux en province et au national tout au long de l’année, sont tous à l’arrêt.
Inégalités face à la pandémie
Ancien ouvrier du secteur automobile, Patrick assure que la distanciation d’un mètre est rarement respectée dans les ateliers du secteur et que porter le masque toute la journée avec la canicule n’était pas supportable cet été. « Ce n’est pas un problème, le Covid est arrêté à la porte ! » Il dénonce la volonté de poursuivre la production automobile à tout prix.
Rosalie a travaillé en médiathèque où elle proposait du chant, ce qui ne peut plus se faire en ce moment. Elle parle de son fils, veut lui offrir sensations, réflexion, culture notamment à par le biais des livres. Micheline parle de l’enseignement, de l’été qui n’a pas été mis à profit pour préparer les écoles à la seconde vague du Covid-19. Pour accueillir les élèves il fallait rechercher des locaux supplémentaires, recruter des enseignants et des personnels et écouter les professionnels et les parents. C’est ce que devra faire un « état social ». Cathy, infirmière retraitée se présente comme Gilet jaune et dit le bonheur du partage et de l’amitié. Prête à continuer la lutte. Sarah Denis, qui a créé Les Podcasts du Perche, propose d’utiliser les possibilités des podcasts en apprenant à les créer.
« IL EST TEMPS DE CHOISIR LES BASES DU MONDE DE DEMAIN » affirme Maël
Finalement, les questions centrales s’imposent à toutes et tous les participants : quelle société veut-on ? que veut-on produire ? Et quelle place pour la culture ? Pour Maël Lefrançois nous vivons une période charnière de l’évolution de notre société. Revendiquer est fondé sur le monde d’avant. Quelles valeurs veut-on mettre en avant ? Il oppose à « la proposition de la peur », « la voie du cœur, où la joie, le partage, l’amour, le respect sont des valeurs fondamentales. » « N’est-ce pas notre rôle à nous artistes de rendre cette voie tangible », digne de confiance ?
Les participants souhaitent poursuivre, développer le lien entre les artistes du spectacle vivant et les citoyens. Beaucoup de projets. A suivre !