Nogent-le-Rotrou, Acte 6 : Ça continue !

Pour ce der­nier acte avant deux semaines de repos, une qua­ran­taine d’habitant·e·s du Perche se sont de nou­veau réuni·e·s en cercle près du kiosque de Nogent-le Rotrou pour une heure de soli­da­ri­té active et pro­met­teuse. La ban­de­role per­siste à décla­rer que le monde est à refaire et cet esprit domine une fois de plus les prises de parole.

LES ARTISTES NE VIVENT PAS SEULEMENT DE L’AIR DU TEMPS (J. PRÉVERT)* 

Marie-Sophie apporte des pré­ci­sions sur la situa­tion des travailleur.se.s du spec­tacle en arrêt depuis le mois de mars. Les grandes salles et boîtes de pro­duc­tion embauchent habi­tuel­le­ment beau­coup de tech­ni­ciens qui se trouvent donc au chô­mage depuis près d’un an et cer­tains cherchent à se recon­ver­tir. Le chô­mage par­tiel est une sécu­ri­té impar­faite puisque les caisses des Intermittents du spec­tacle sont désor­mais en grande dif­fi­cul­té finan­cière pour les volets congés mala­die et mater­ni­té, sécu­ri­té sociale, retraite car il n’y a plus de coti­sa­tions. Les artistes se demandent ce que sera la reprise en 2021 puisqu’actuellement ils et elles ne peuvent pas réa­li­ser les heures de tra­vail indis­pen­sables au cal­cul de leurs droits.

Une plas­ti­cienne témoigne de l’isolement des artistes de cet autre sec­teur de la culture, qui par­fois sur­vivent avec le RSA. Ils ont reçu une simple prime qui ne com­pense aucu­ne­ment l’absence du public, des salons ou des expo­si­tions. Elle pense que cette dis­tinc­tion entre deux sec­teurs de la culture n’est pas justifiée.

LA CONVENTION CITOYENNE CLIMAT : « UN RÉFÉRENDUM pour mas­quer une INACTION » **

Claudie cri­tique les aban­dons des enga­ge­ments pris par le chef de l’Etat devant les citoyen.ne.s de la CONVENTION CLIMAT. Les mesures « doivent être accep­tables par les Français », « il faut évi­ter les mesures coer­ci­tives » a dit E. Macron. Il fait le choix, par exemple, de ne pas inter­dire les voi­tures les plus pro­duc­trices de gaz à effet de serre et refuse de taxer les pro­duits ali­men­taires sur-trans­for­més. Il affirme : « Le chan­ge­ment se fera par le citoyen consom­ma­teur ». II parle sur­tout d’« inci­ta­tions ». Pour les défen­seurs de l’environnement, on est loin du compte. Claudie pré­sente le pro­jet de réfé­ren­dum et les réac­tions de plu­sieurs orga­ni­sa­tions environnementales.

ACCEPTABLE, L’ETAT DE LA SANTÉ EN FRANCE ?

Cathy, infir­mière à la retraite, trouve inac­cep­table que les exi­gences tech­no­cra­tiques aient ren­du plus dif­fi­cile l’accès aux soins. Diminution des moyens, « maî­trise des dépenses », fer­me­tures de lits, manque de temps auprès des malades, aides à domi­cile sous-payées, manque de méde­cins trai­tants et de spé­cia­listes, des inté­ri­maires et non des postes de titu­laires, « tout cela n’est pas accep­table ». « Pour que le monde de demain soit ‘’accep­table’’ il faut qu’il ne soit plus sou­mis aux règles actuelles de l’économie ».

Le groupe des chan­teurs pré­sente une nou­velle créa­tion col­lec­tive : « CRÉONS NOTRE AVENIR ET RÉSISTONS !» dit le refrain repris par toutes et tous.

L’EMPLOI EN SOUFFRANCE, LE CHÔMAGE EN HAUSSE

Micheline informe sur les sup­pres­sions d’emplois dans le dépar­te­ment : à Dreux et dans la région de Chartres et Rambouillet, des exemples qui concernent au moins 200 emplois d’intérimaires et de CDI. Il est annon­cé une aug­men­ta­tion de 800 000 chô­meurs et chô­meuses au niveau natio­nal cette année. « Il est urgent de créer de nou­veaux emplois pour répondre à la crise cli­ma­tique ». Et elle demande de suivre les débats du mois de jan­vier sur les deux pro­jets de lois sur « la Sécurité glo­bale » et « les prin­cipes répu­bli­cains », pour conti­nuer de défendre les liber­tés de mani­fes­ta­tion, d’information et d’opinion.

Patrick rap­pelle que le 18 décembre ont eu lieu des mani­fes­ta­tions de sou­tien aux sans-papiers et aux migrants avec un ras­sem­ble­ment devant la pré­fec­ture de Chartres. Il évoque « les mal­heu­reux que l’on refoule », des mil­lions de per­sonnes en exil, « vic­times de la misère dont la socié­té capi­ta­liste est res­pon­sable ». Il appelle à ren­for­cer les asso­cia­tions qui leur apportent accueil et soutien.

Mathieu invite à par­ti­ci­per aux com­mis­sions qui sont issues de ces six rendez-vous.

Et le chant LE PIEU, de Lluis Llach, réunit les participant.e.s, avec enthou­siasme, autour du groupe de Denis et de son accordéon :

« Mais si nous tirons tous, il tombera

Ça ne peut pas durer comme ça !

Il faut qu’il tombe, tombe, tombe,

Vois-tu comme il penche déjà ! » ***

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* Le tableau des Merveilles- Prévert

** Titre de reporterre.net

*** Paroles et musique de Lluis Llach — Version fran­çaise : Marc Robine