Cri d’alarme des Amis du COMPA

Nous repro­dui­sons la lettre ouverte du 2 avril der­nier aux ministres concer­nés du pré­sident des Amis du COMPA. 

Nous avions déjà publié en 2018, la péti­tion lan­cée par cette asso­cia­tion tant nous par­ta­geons son argumentation :

Association des Amis du Compa
1 rue de la République
28300 Mainvilliers – Chartres
amisducompa@gmail.com

Chartres, le 2 avril 2021

 

Lettre ouverte à Madame la Ministre de la Culture et à Monsieur le Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation.

 

Le Compa – conser­va­toire de l’agriculture, der­nier musée d’envergure sur le monde agri­cole et rural, se meurt. Le Conseil dépar­te­men­tal d’Eure-et-Loir, pro­prié­taire du Compa, a fer­mé ce musée situé à Chartres il y a un an, en invo­quant la crise sani­taire. Il envi­sage à pré­sent le démé­na­ge­ment des col­lec­tions vers la base aérienne de Châteaudun. Le Département pro­pose ain­si de réunir l’ensemble des col­lec­tions du musée actuel­le­ment répar­ties sur trois sites. Mais il sou­haite éga­le­ment démé­na­ger le conte­nu de la rotonde SNCF de 1905, fleu­ron du patri­moine indus­triel, qui accueille le Compa depuis 1990 et ain­si rem­pla­cer le musée situé à quelques pas du centre-ville de Chartres par des réserves visi­tables dans d’anciens han­gars en péri­phé­rie de Châteaudun.

Pourquoi démé­na­ger dans le sud du dépar­te­ment alors qu’en 2018, le rap­port de Daniel Guéret, alors Conseiller dépar­te­men­tal, pré­co­ni­sait un main­tien du musée dans l’agglomération char­traine, pour une meilleure acces­si­bi­li­té de visite ?

Tandis que la majo­ri­té de la popu­la­tion vit dans les aires d’influence des villes, est-il besoin de rap­pe­ler la néces­saire com­pré­hen­sion entre ruraux et urbains, entre pro­duc­teurs et consom­ma­teurs ? Le Compa est un point de ren­contre entre ces deux mondes. C’est pour­quoi les Amis du Compa per­sistent à affir­mer que ce musée a sa place à quelques pas de la cathé­drale de Chartres, édi­fiée grâce au tra­vail de mil­liers de pay­sans du Moyen âge !

Malgré l’ouverture au public annon­cée de ces futures réserves, peut-on consi­dé­rer qu’une accu­mu­la­tion de machines dans un han­gar rem­place un par­cours muséal orga­ni­sé autour d’un dis­cours illus­tré par une grande diver­si­té de pièces de col­lec­tions (machines, affiches, outils, œuvres d’art…) ?

Aujourd’hui, l’agriculture inté­resse, inter­pelle, ras­semble autant qu’elle fait débat. Le pro­jet scien­ti­fique et cultu­rel du Compa asso­ciait d’ailleurs depuis plu­sieurs années l’agriculture à deux grands thèmes connexes : l’environnement et l’alimentation. Récemment, les nom­breuses mis­sions d’un musée ont été réaf­fir­mées dans le rap­port du minis­tère de la culture « Musée du 21e siècle ». Pourtant, 31 ans après avoir été inau­gu­ré par deux ministres, le Compa a‑t-il défi­ni­ti­ve­ment fer­mé ses portes ? Comment le Président du Département d’Eure-et-Loir peut-il déci­der de faire dis­pa­raître un musée unique en France, voire en Europe ? De ne pas consi­dé­rer les inves­tis­se­ments publics réa­li­sés lors de la réha­bi­li­ta­tion de 1985, ceux réa­li­sés sur le bâti­ment du musée en 2015, mais aus­si le coût de l’acquisition, la conser­va­tion et la res­tau­ra­tion de cette col­lec­tion d’envergure (8 000 pièces) ?

Propriétaire de cette col­lec­tion et des bâti­ments (musée et réserves) qui l’abritent, le Département détient avant tout une col­lec­tion publique, qui doit, de ce fait, être conser­vée et expo­sée dans un sou­ci d’intérêt géné­ral. Peut-être faut-il envi­sa­ger un nou­veau mode de ges­tion ou un trans­fert de pro­prié­té vers une autre col­lec­ti­vi­té territoriale ?

L’association des Amis du Compa réunit des per­sonnes sou­cieuses de l’offre cultu­relle locale, des pas­sion­nés de machi­nisme agri­cole, des ensei­gnants atta­chés aux ques­tions scien­ti­fiques, au déve­lop­pe­ment durable, aux arts, des agri­cul­teurs d’hier et d’aujourd’hui, des parents et des grands-parents…

Avec nos sin­gu­la­ri­tés, nous sommes ras­sem­blés autour de quelques cer­ti­tudes : le musée est un lieu de vie cultu­relle et citoyenne où cha­cun a sa place, l’agriculture est au cœur de la socié­té et elle doit conti­nuer à faire débat, le patri­moine agri­cole nous lie et nous ras­semble. Certitudes qui n’ont rien à voir avec la créa­tion d’un hangar-musée.

Nous comp­tons sur votre sou­tien pour sau­ver ce musée et ce patri­moine agri­cole qui appar­tient à tous.

 

William Belhomme, pré­sident des Amis du Compa