Une première : Agora des luttes à Courville

L’Agora des luttes 28, ini­tiée par l’Atelier à spec­tacle occu­pé,  a réus­si à se tenir à Courville dans une durée limi­tée (1 h qui a un tout petit peu débor­dé), la Préfecture ayant refu­sé l’horaire 11 h. – 16 h. et le pique-nique cham­pêtre pré­vu ini­tia­le­ment. Et c’est fina­le­ment au stade du Dr-Jourdain que les ban­de­roles ont pu se déployer et les participant·e·s s’asseoir dans l’herbe. Si la durée de la mani­fes­ta­tion a été limi­tée, la par­ti­ci­pa­tion a été impor­tante : près de 200 per­sonnes, heu­reuses de se retrou­ver en liber­té (bien que sur­veillée) sous un soleil printanier.

Il faut mar­quer cette jour­née d’une pierre rouge car c’est la pre­mière fois en Eure-&-Loir, depuis long­temps, que des luttes aus­si diverses se retrouvent ensemble per­met­tant de se connaître, d’é­chan­ger, de se soutenir.

Les prises de paroles se sont suc­cé­dées à un rythme rapide et avec une durée limi­tée (3–4 minutes). Des moments chan­tés ont ponc­tué cette assem­blée : Les Têtes de Piaf avec une com­po­si­tion de cir­cons­tance sur le confi­ne­ment et les res­tric­tions des liber­tés (‘’On ne peut plus aller trin­quer au café avec des amis en bas d’chez soi…’’) ou, par le Tout p’tit Théâtre en Herbe ‘’Tout va bien, la vie est belle’’, anti­phrase sur la socié­té de consom­ma­tion et l’oubli de la des­truc­tion de la planète.

Salaire et assu­rance chômage

Mathieu a ouvert le micro de cette ‘’assem­blée géné­reuse’’ en don­nant la parole à une inter­mit­tente du spec­tacle, puis à un de ses cama­rades, qui pré­sentent d’abord les régres­sions pré­vues par la réforme de l’assurance chô­mage qui doit entrer en vigueur le 1er juillet : ‘’Elle est d’une vio­lence inouïe, elle va impac­ter la vie de plus d’un mil­lion de per­sonnes en bais­sant dras­ti­que­ment leurs indem­ni­tés’’. Mais c’est aus­si ‘’ une attaque sys­té­mique contre le prin­cipe même de l’assurance chô­mage… cha­cun pour soi et dieu pour tout le monde ! ’’ Nathalie, employée de Pôle Emploi ren­ché­rit : ‘’Selon les simu­la­tions, pro­ba­ble­ment un tiers en moins d’indemnités’’.

Florence énonce plu­sieurs pistes pour mettre en place un sys­tème pro­tec­teur et équi­table : une seule annexe pour tous les emplois pré­caires avec seuil d’entrée à 0 heure (pro­po­si­tion du Collectif des inter­mit­tents et pré­caires, CIP), une sécu­ri­té sociale du tra­vail par un contrat de tra­vail à vie atta­ché à chaque per­sonne (CGT), un salaire à la qua­li­fi­ca­tion per­son­nelle dit salaire à vie (Réseau salariat).

Jean-Jacques, inter­mit­tent, après un rou­le­ment de son tam­bour, explique que ce sta­tut ne recouvre pas que des artistes mais aus­si toutes celles et ceux, sou­vent invi­sibles du public, qui tra­vaillent autour : éclai­ra­gistes, maquilleuses, chauf­feurs, etc. Il explique aus­si que les artistes ne sont pas rému­né­rés pour leurs répé­ti­tions. Les uns comme les autres n’ont des indem­ni­tés qu’en fonc­tion de leurs jours tra­vaillés et au pro­ra­ta de leur cachet.

Reprise mais pas n’im­porte comment

Marie-Sophie redit que la reprise des spec­tacles doit se faire avec un accom­pa­gne­ment social, en par­ti­cu­lier, avec un sou­tien au salaire car les petites struc­tures (très nom­breuses) ne pour­ront sup­por­ter les inves­tis­se­ments avec des jauges réduites pour long­temps encore. Marion enchaîne par la pré­sen­ta­tion d’un dis­po­si­tif d’AMAP cultu­relle qui va être lan­cé dans la région inti­tu­lé ‘’Paniers artis­tiques cultu­rels et soli­daires’’ où col­lec­ti­vi­tés comme par­ti­cu­liers peuvent  ‘’mettre au pot’’ en échange d’un spec­tacle de 20–30 minutes. (voir le face­book Cultivons l’essentiel)

Les ‘’marion­nettes de l’EHPAD’’ ont fait une lettre au pré­sident : ‘’Un monde sans culture est un mode sans futur’’.

Convergence des luttes

Rémy et Marc de la CGT de l’hôpital de Chartres évoquent le déman­tè­le­ment depuis vingt ans des ser­vices publics, dont l’hôpital, par les gou­ver­ne­ments suc­ces­sifs de droite et socia­listes. ‘’On conti­nue de fer­mer des lits pen­dant cette crise, de sup­pri­mer des ser­vices comme la blan­chis­se­rie, la cui­sine’’. ‘’Si on veut avoir un peu d’espoir, il faut avoir de la rage’’.

Sylvain, ‘’mili­tant cli­mat’’, rap­pelle que ‘’le jour du dépas­se­ment1, jour où l’on a tout cra­mé est le 17 mars ‘’ et sou­haite que tout le monde en prenne conscience et fasse quelque chose. Amandine, de la Confédération pay­sanne, annonce une marche contre l’autoroute pri­va­ti­sée et payante A154 et ouverte aux autres luttes. 

Deux enseignant·e·s ; Hugues : ‘’Rencontrer des artistes pour nos élèves, c’est une expé­rience unique’’ ; Céline : ‘’Nous devons construire ensemble, à l’école et en entre­prise, à l’hôpital dans les théâtres, une socié­té de res­pect et de soli­da­ri­té, une socié­té pro­tec­trice de cha­cun où chaque citoyen contri­bue selon ses moyens et reçoit selon ses besoins.’’

Thibaut, de SUD-Éducation, appelle au sou­tien d’une direc­trice d’école REP de Châteaudun sou­mise à une pro­cé­dure dis­ci­pli­naire pour avoir défen­du, en tant que syn­di­ca­liste, son école menacée.

”Ça ne peut pas durer comme ça”

Des Gilets Jaunes sont venus, l’un d’entre eux, Patrick, explique com­ment s’est faite la conver­gence, à Nogent-le-Rotrou dans Pour un Après pas comme Avant : ‘’On n’a pas été sou­te­nir les inter­mit­tents, on a fait avec eux. C’est ça l’idée de conver­gence des luttes’’.  La foule entonne ‘’On est là, même si Macron ne le veut pas…’’

Mais toutes les luttes ne pour­ront prendre la parole ce jour. On prend ren­dez-vous pour de pro­chaines ren­contres et on se sépare en chan­tant la ver­sion fran­çaise de L’Estaca de Lluis Llach tra­duite par Marc Robine (Le Pieu) :

« Mais si nous tirons tous, il tombera

Ça ne peut pas durer comme ça ! »

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  1. En 77 jours seule­ment, le pays a émis la tota­li­té des gaz à effet de serre qu’il devrait émettre en un an pour atteindre la neu­tra­li­té car­bone d’ici 2050.

 

Les futurs ren­dez-vous ont été annoncés

(notre site don­ne­ra les pré­ci­sions dès que connues)

23 avril : Mobilisation contre la réforme de l’assurance chô­mage (lieu à préciser)

24 avril : Le plus Grand Orchestre de l’Univers de l’Eure-et-Loir, Chartres, place des Épars (à confirmer)

1er mai : Manifestation inter­syn­di­cale (à préciser)

9 mai : Marche Climat (lieu à préciser)

29 mai : Marche contre le pro­jet auto­rou­tier A154 (appel FEEL + La Rue râle) ouverte à d’autres luttes