1er Mai à Chartres : Unitaire et combatif
À 10 heures du matin, devant la Préfecture, le pari n’était pas gagné mais rapidement le succès de la manifestation du 1er mai des travailleuses et travailleurs devint une évidence, 400 personnes environ. En tête de manif, les intermittents du spectacle, leurs banderoles et leurs instruments de musique. Honneur à celles et ceux qui occupent l’Atelier à Spectacle de Vernouillet depuis le 31 mars et qui sont à l’origine du collectif percheron Pour un Après pas comme Avant.
Les Qualipac au milieu d’autres salariés en difficulté ou au chômage
Un grand nombre d’autres protestataires sont là dont de nombreux jeunes, des salarié.e.s du service public, d’entreprises menacées de licenciement, des retraités, beaucoup de femmes… Elles et ils ont répondu présent·e·s, très « remonté·e·s » par la situation sanitaire et sociale dont la gestion autoritaire irrite. En colère aussi des personnes en « chômage partiel », notamment, qui vivent avec des moyens financiers dégradés, des chômeuses et chômeurs et des précaires alors que les actionnaires se gavent et programment des licenciements. Présence de salarié.e.s de l’entreprise Qualipac qui fabrique des bouchons de flacons de parfum pour les grandes marques1. 85 emplois menacés sans compter les intérimaires. Les militantes du syndicat FO parlent de délocalisation de l’entreprise vers un nouveau site en France. Une liquidation à venir ?
Avant la déambulation, lecture du communiqué commun des syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires) par une seule responsable : Chantal Lefèvre de la CGT. Au niveau international, qu’il est bon de ne pas oublier un 1er mai, sont citées les violences d’État en Birmanie et à Hong-Kong.
Le parcours passe le long de la place des Épars, traverse des rues piétonnes, des personnes se joignent au cortège. Un slogan est déjà su par cœur : « Occupons, occupons, partout où nous voulons/ Occupez, occupez un mois à Vernouillet. »
Il est grand temps de réagir, de nous unir, dit la chanson
Arrivés place du Cygne les manifestant.e.s forment un cercle, l’animation est assurée par Flo et ses complices intermittent.e.s du spectacle : chanson des Têtes de Piaf sur l’air des P’tits papiers, musique et danses, encore timides mais, un moment de bonheur partagé. Puis nouveau départ, vers le théâtre de Chartres. Voir la vidéo.
Devant le théâtre, lieu emblématique
Des habitués du marché observent ou se joignent aux manifestant·e·s. Garance, intermittente du spectacle, déroule les raisons pour lesquelles il faut se battre contre la nouvelle réforme de l’assurance chômage qui va contraindre à accepter n’importe quel emploi. La philosophie de cette réforme est « le chantage à l’emploi », c’est une forme de « retour au travail à la tâche. » Elle demande, au nom des droits de tous les chômeurs et chômeuses, dont près de la moitié n’est pas indemnisée actuellement, « le retrait pur et simple de la réforme ».
‘’Tant que les lapins n’auront pas d’historien… l’Histoire sera racontée par les chasseurs’’ (Howard Zinn)
Alors, Garance se fait historienne du 1er Mai ! Indispensable ! De Chicago, en 1886 où 8 syndicalistes sont arrêtés après de violents affrontements avec la police, 5 sont condamnés à mort et trois sont condamnés à la prison à perpétuité à aujourd’hui, en passant par la fusillade de Fourmies, le 1er mai 1891, qui fit 10 morts et 35 blessés. On n’oublie pas et on ne fête pas « le travail et la concorde sociale » comme le voulut Pétain en 1941 mais on fête les travailleurs et on poursuit la lutte.
La matinée se termine par des chants et des danses, notamment « Le Pieu », émouvant et fédérateur, et le célèbre « Danser encore » de HK.
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- Dont celle de Mme Bettencourt qui a gagné 21 milliards durant l’année de confinement [NDLR].