Chartres :
Nouveaux témoignages des exilés ukrainiens
Comme chaque samedi, le rassemblement à l’appel de l’Association des Ukrainiens Amis de l’Ukraine en région Centre-Val de Loire a accueilli de nouveaux arrivants en provenance du pays agressé.
Après le rituel chant traditionnel diffusé par la sono, Inna1 lit le témoignage, ‘’les pensées qui viennent de son cœur’’, d’une jeune exilée : « Nous avons passé les premiers jours de la guerre dans la maison de mon père à côté de Kiev. […] Quand Poutine a compris qu’il ne pourra pas occuper Kiev, il a commencé à bombarder sans cibler les zones militaires. Il a bombardé les quartiers civils. […] Il a décidé de tout détruire. Le peuple ukrainien est un peuple qui aime la paix, on n’a jamais agressé d’autres pays. Poutine veut détruire notre peuple seulement parce qu’on a envie de vivre dans un pays libre et indépendant. […] La ville de Chartres est très belle et très pittoresque. Nous sommes très heureux d’être ici, mais en Ukraine nous avons aussi des villes très belles. Si on parle de Boutcha et Hostomel, maintenant ces villes sont anéanties. […] Il y a des immeubles entiers qui sont détruits. […] Nous sommes reconnaissants à des pays comme la France, l’Allemagne et la Pologne qui nous donnent de l’aide humanitaire. Nous sommes reconnaissants aussi aux gouvernements des États-Unis et de Grande-Bretagne qui nous aident avec des armes. […] Je m’adresse à tous les pays du monde entier : ‘’Aidez-nous pour arrêter Poutine et l’agression russe’’. […] L’Ukraine, aujourd’hui, ne défend pas seulement son territoire, elle se bat pour le droit de vivre de tous les pays de l’Union européenne. »
Témoignage sur la tragédie de Marioupol
Une autre Ukrainienne transmet le témoignage d’une habitante qui a été évacuée de Marioupol : « Notre voisine est décédée. On n’a pas pu l’enterrer, à ce point que le corps commençait à se décomposer. Quand son mari a décidé de l’enterrer, il a été victime d’une mine et il est décédé également. […] Les corps des gens décédés étaient dans les appartements. On les sortait sur le balcon pour ne pas avoir trop d’odeurs dans les appartements. Nous, on était dans la cave où il faisait froid. […] Le voisin Nicolaï a capturé un pigeon car on avait faim, on a mangé ce pigeon […] mais après on a vomi. […] J’ai un oncle qui habite en Russie et quand on l’a appelé pour lui raconter tout ce qui se passe en Ukraine, il a fait semblant de ne pas nous connaître. […] Ensuite, par un autre téléphone, il nous envoyé un sms : ‘’Il ne faut plus nous appeler […] c’est très dangereux pour nous d’aborder ce sujet.’’ »
‘’Tant que la guerre dure, il faut se mobiliser’’
Inna reprend la parole pour exhorter : « Tant que la guerre dure, il faut se mobiliser, il faut en parler, il faut parler à tout le monde dans votre entourage […], il faut transmettre la vérité. » Elle ajoute : « On essaie de récolter des fonds pour le soutien de l’armée ukrainienne. On a reçu, par exemple, une demande de chaussures pour le bataillon Aidar2 qui se bat à Loukangs. » Elle appelle à faire des dons et à rejoindre l’Association. « En Ukraine, tout le monde soutient l’armée ukrainienne. Si c’était pas le cas, Poutine aurait pris l’Ukraine en trois jours. C’est grâce à la mobilisation de chaque citoyen de l’Ukraine ou en dehors de l’Ukraine qu’on tient depuis presque 40 jours et on pense que nous gagnerons. » À quoi ses compatriotes présent·e·s répondent dans leur langue par un « Vive l’Ukraine ! »
L’hymne ukrainien est alors diffusé avant que, longtemps, les particpant·e·s à ce rassemblement de près de 90 personnes s’informent individuellement auprès des exilé·e·s.
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- Lire le compte rendu du samedi précédent.
- Unité militaire spéciale formée de volontaires ukrainiens intégrée à l’armée de terre ukrainienne.