L’indispensable rassemblement hebdomadaire pour l’Ukraine

Comme chaque semaine désor­mais, le ras­sem­ble­ment de soli­da­ri­té avec les Ukrainien·ne·s débute par une minute de silence en hom­mages aux vic­times de l’invasion russe puis par un chant tra­di­tion­nel du pays. L’affluence ne fai­blit pas, près d’une cen­taine de per­sonnes sont ras­sem­blées pour écou­ter les témoi­gnages des réfu­giés ce 26 mars.

 

’C’est très dur à supporter‘’

 

Taras Chevtchenko en 1859 Photo par Andrey Denyer

Taras Chevtchenko

Inna, Ukrainienne ins­tal­lée depuis plu­sieurs années à Chartres et coor­di­na­trice de ces réunions, avoue « Même si on est loin de l’Ukraine, c’est très dur à sup­por­ter. Où est-ce qu’on peut trou­ver nos forces ? On écoute de la musique ukrai­nienne, on a un contact avec nos amis ukrai­niens, avec nos familles en Ukraine mais les nou­velles ne sont pas tou­jours très très bonnes et c’est injuste. » Et elle lit un texte (en langue ori­gi­nale puis en fran­çais) du poète Chevtchenko (1814–1861) sur le des­tin tra­gique de son pays.

 

’Nos enfants ont fané comme des fleurs dans les caves’’

 

Inna pré­sente ensuite son amie « arri­vée hier d’Ukraine » qui témoigne : « Je m’appelle Alla, je suis arri­vée de la ville héros de l’Ukraine Tchernihiv […] nous sommes un peuple qui aime la paix, on ne pen­sait jamais qu’un jour les bombes tom­be­ront sur nous […] Il y a beau­coup de bâti­ments qui sont rasés […] ce n’est pas une ‘’opé­ra­tion mili­taire’’ c’est vrai­ment une guerre qu’a déclen­ché Poutine contre l’Ukraine libre […] Il n’y avait pas de base mili­taire dans cette ville. […] Nos enfants ont fané comme des fleurs dans les caves car pen­dant des semaines, ils ne pou­vaient pas boire ni man­ger. […] Les habi­tants sont obli­gés de vivre sans élec­tri­ci­té, sans eau, sans le gaz. Pour faire à man­ger, il faut faire dans la cour sur le feu comme au Moyen Âge. »

 

’Je veux dor­mir et ne pas avoir peur’’

 

Suit la parole bou­le­ver­sante d’un enfant de 7- 8 ans : « Je veux dor­mir et ne pas avoir peur. »

Une étu­diante, récem­ment arri­vée aus­si, explique que, pour sa famille ins­tal­lée dans une région déjà occu­pée par les Russes, la guerre a com­men­cé en 2014. Celle-ci a été obli­gée alors de se dépla­cer au-delà de la zone d’occupation, et, main­te­nant avec l’avancée des troupes russes, de quit­ter le pays. « J’ai fait mes études à Kharkiv qui est deve­nue ma deuxième patrie et, main­te­nant, je ne peux plus reve­nir dans ma ville car ma ville n’existe plus. Je veux remer­cier tout le monde, pour votre com­pas­sion, pour votre soli­da­ri­té, pour votre mobilisation»

 

’On croit en notre victoire’’

 

Plusieurs Ukrainiennes insistent sur leur volon­té que leur séjour en France soit pro­vi­soire, elles ont hâte de retour­ner dans leur pays pour le reconstruire.

Un autre témoi­gnage d’une femme venue aus­si de Tchernihiv : « Il n’y a pas beau­coup de liai­sons avec cette ville, nous avons col­lec­té des dons huma­ni­taires, cela fait sept jours qu’ils sont en attente, c’est impos­sible de les faire par­ve­nir » mais elle conclut « On croit en notre vic­toire ».

 

Ne pas relâ­cher notre aide

 

Anna Stépanoff, conseillère régio­nale, explique que de pre­miers cours béné­voles de fran­çais ont été mis en place et Inna annonce que l’Association des Ukrainiens d’Eure-et-Loir et des Amis de l’Ukraine a été créée offi­ciel­le­ment et qu’on peut la rejoindre.

Ces témoi­gnages heb­do­ma­daires sont indis­pen­sables pour prendre le pouls de ce peuple ukrai­nien qui résiste cou­ra­geu­se­ment et nous convaincre qu’il ne faut pas relâ­cher notre aide sous les formes les plus diverses et adap­tées à la situation.

Les pré­cé­dents ras­sem­ble­ments : 26 février, 5 mars, 19 mars.