Châteaudun : La contribution de La Nueve à la libération de la France et de l’Europe
Si les cérémonies officielles avec sous-préfet, discours, remerciements, fanfares et militaires (vrais ou faux) vous rebutent, l’inauguration du Jardin des combattants de la Nueve à Châteaudun, ce 8 mai, n’était pas pour vous ! Et pourtant, c’était un événement qui peut apporter satisfaction à celles et ceux qui n’ont jamais oublié les combattants de l’Espagne républicaine, dont beaucoup se sont sacrifiés. Aussi, ne peut-on que remercier la municipalité dunoise d’avoir accédé à la proposition de l’Association du jumelage avec Marchena (Andalousie espagnole) de commémorer l’action de cette unité partie prenante de la Division Leclerc qui a participé à la libération de Paris, de la France et au-delà.
Ils étaient anarchistes, communistes ou socialistes
Les prises de paroles ont rappelé cette histoire. Retenons ces mots de Daniel Baudry, chargé des relations avec Marchena : « Dissocier la Nueve, compagnie composée de 160 hommes et parmi ces 160 hommes 146 espagnols, du reste de la 2e DB serait absolument contraire à […] l’éthique du général Leclerc qui voulait ardemment que sa division fut à l’image de la France unie dont il rêvait : ‘’ […] quelles que soient leurs origines, quelles que soient leurs convictions’’ […] [Ils étaient] anarchistes libertaires pour la plupart, mais aussi communistes ou socialistes, assoiffés de liberté au plus profond d’eux-mêmes et du désir de rendre leur dignité à leurs compatriotes asservis et privés de culture par des classes possédantes réactionnaires, combattants aguerris par trois années de guerre civile mais rétifs au commandement car voulant toujours comprendre les ordres avant de les exécuter […] Hélas, une fois terrassés nazisme et fascisme, la guerre froide devait rapidement tuer leur ardent espoir de voir les démocraties se porter au secours de l’Espagne opprimée plus que jamais par le régime franquiste. » [Audio intégral en bas de colonne]
En 1945, les armées alliées n’iront pas à Madrid
Paroles complétées par celles d’Aimable Marcella, représentant de l’Association du 24 août 1944 : « Alors que l’Espagne franquiste […] recevait dès 1936 le soutien militaire de l’Italie fasciste de Mussolini , des militaires de la légion Condor nazie qui allaient écraser Guernica et bien d’autres villes sous les bombes, alors qu’en 1940 Franco rencontrait Hitler à Hendaye et alors que l’Espagne de Franco avait envoyé sur le front de l’Est la division Azul (une division de phalangistes), les armées alliées décidèrent de s’arrêter à Berlin le 8 mai 1945. Madrid ne sera pas libérée, l’Espagne franquiste ne sera pas inquiétée, les armées alliées n’iront pas à Madrid. Et bientôt, dans les années 50, Madrid ira à l’UNESCO, à l’ONU sans qu’aucune démocratie ne s’y oppose. » [Audio intégral en bas de colonne]
Tirer ces combattants antifascistes de l’oubli
L’inauguration de ce jardin, les trois expositions présentées à l’Hôtel de Ville de Châteaudun et à la salle Saint-André (l’histoire douloureuse de l’Espagne depuis des années 30 jusqu’à la mort de Franco, les portraits des combattants de la Nueve et des femmes engagées dans les luttes durant cette période par Juan Chica Ventura) contribuent à tirer ces combats de l’oubli. S’y ajoutent de très belles créations picturales des lycéen·ne·s hispanisant·e·s du lycée Émile-Zola autour de La romance de la Luna, Luna de Federico Garcia Lorca, lui-même exécuté par les franquistes.
Prise de parole de Daniel Baudry
Prise de parole d’Aimable Marcella