Nogent-le-Rotrou : La santé au travail dans les T.P.E.
Lundi 13 novembre, l’Intersyndicale élargie inaugurait, dans la salle Simone-Signoret, une série de rencontres-discussions faisant suite au fort mouvement sur les retraites qu’a connu Nogent-le-Rotrou et le secteur percheron. Etaient reçues deux chercheuses et maîtresses de conférence en sociologie, Émilie Legrand et Fanny Darbus. La demande du collectif nogentais concernait la santé des salarié.e.s qui travaillent dans les entreprises de moins de 10employé·e·s, les TPE.
Les invitées ont partagé des observations très intéressantes de leur étude qui a abouti à l’écriture d’un livre paru aux éditions érès1. On remarquera son sous-titre évocateur des problématiques rencontrées : « S’arranger avec la santé, bricoler avec les risques ». Pour leur enquête, les chercheuses ont choisi de rencontrer des salarié·e·s et leurs patron·n·es de trois secteurs : le BTP, la coiffure et la restauration. Ces petites entreprises qui regroupent 95% des employeurs en France font travailler 20% des salarié·e·s. Impossible de rendre compte ici de l’étude exhaustive passionnante des deux chercheuses.
Des salarié·e·s physiquement fatigué·e·s, endolori·e·s, mais aussi sous une pression mentale
La petitesse de l’entreprise, la proximité avec le ou la chef·fe d’entreprise conduit souvent ces salarié·e·s à relativiser leurs symptômes, considérés comme « faisant partie du métier » ou « pour ne pas mettre l’entreprise en difficulté ». Les employeurs s’avèrent souvent enclins à négliger la prise en charge de ces troubles.
A été abordée aussi la recherche, assez répandue, d’un règlement de la souffrance par l’accession au statut d’entrepreneur·euse, dans l’espoir d’acquérir des satisfactions professionnelles et des compensations financières. Ce qui n’est pas toujours la réalité mais où le statut fait accepter les difficultés.
L’interdépendance entre les salarié.es et les chef.fes d’entreprise peut avoir des effets négatifs,mais aussi parfois positifs par la recherchede solutions adaptées (ralentir la production, opérer des changements de postes par intermittence, de rythmes, améliorer le matériel, etc.). Cependant, la prévention est minimale face aux contraintes économiques et techniques de l’activité.
Loin des syndicats
On le voit, les travailleurs et travailleuses sont très dépendants de la bonne volonté patronale. Leur nombre restreint et ces phénomènes de proximité les amènent rarement à consulter les syndicats sur leurs droits. En cas de difficultés graves (psychologiques ou physiques) la solution la plus fréquente est la recherche d’un autre emploi.
Une discussion riche en témoignages a suivi cet exposé ainsi que des interventions sur l’éloignement de ces salarié.es du droit du travail et des syndicats.
Un repas partagé a réuni une partie du public et les invitées.
D’autres projets de rencontres sur ces thématiques liées à l’emploi, aux droits et aux conditions de travail seront proposés par l’Intersyndicale nogentaise. On s’en réjouit à l’avance !
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