Dans le centre de Chartres contre la loi Immigration

Céline Le Guay, mili­tante de l’AERéSP1 comme les autres ora­trices, a accueilli les participant·e·s (une grosse soixan­taine) à la mani­fes­ta­tion contre la loi immi­gra­tion, por­tée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, par ces mots dési­gnant les sans-papiers ‘’Hier colo­ni­sés, aujourd’hui exploi­tés, demain régu­la­ri­sés !, c’est un bon mot d’ordre pour notre marche !’’

La marche pré­pa­rée en amont

Le col­lec­tif, qui ras­semble des orga­ni­sa­tions syn­di­cales (FSU, Solidaires), poli­tiques (PCF, Ensemble!, LFI, LO) et des individuel·le·s avait soi­gneu­se­ment pré­pa­ré en amont cet évè­ne­ment qui coïn­ci­dait presque avec la Journée mon­diale des Migrants (18 décembre) ins­ti­tuée en 2000 par l’ONU. Distribution de tracts sur l’agglomération char­traine  mais aus­si à Nogent-le-Rotrou et un ate­lier de fabri­ca­tion de pan­cartes qui a don­né un visage visible, colo­ré et expli­ca­tif au défi­lé. Car l’objectif n’était pas seule­ment d’exprimer le rejet de la loi mais aus­si de gagner des consciences par­mi la foule  d’avant les fêtes qui arpen­tait les rues de l’hyper-centre de Chartres. Parmi les nom­breux slo­gans, le plus répé­té, don­nant l’état d’esprit des participant·e·s, fut ‘’C’est pas l’im­mi­gra­tion / C’est pas les étran­gers / Qui nous mettent en dan­ger / C’est le racisme et la xénophobie !’’

Allongement de la réten­tion administrative

Après le départ de la place Châtelet, plu­sieurs arrêts ont per­mis de déve­lop­per quelques uns des nom­breux griefs faits à cette 19ème loi sur le droit des étran­gers depuis 1996. Au car­re­four de la rue Sainte-Même et de celle du Cheval-Blanc, Cathy Burel a déve­lop­pé l’aspect allon­ge­ment de la réten­tion admi­nis­tra­tive et d’autres peines. Le pro­jet pré­voit d’augmenter la durée de l’enfermement des étran­gers sans papiers. Par exemple, l’assignation à rési­dence, qui pas­se­rait de 90 jours actuel­le­ment, à 145 jours où les per­sonnes res­te­raient sans res­source pos­sible. Les OQTF2 pour­raient être pro­lon­gées jusqu’à 3 ans.

 Nouveau rétré­cis­se­ment du regrou­pe­ment familial

Place Billard, Emmanuelle Péchenart a évo­qué le droit de vivre en famille ‘’lar­ge­ment bafoué depuis très long­temps.’’ La mou­ture du Sénat sur le regrou­pe­ment fami­lial  ‘’s’appuie sur le fan­tasme d’une pro­cé­dure laxiste qui est à l’opposé de la réa­li­té […] une pro­cé­dure qui dure géné­ra­le­ment plu­sieurs années.’’  Plusieurs condi­tions sup­plé­men­taires seraient ajou­tées : pas­sage de 18 à 24 mois de séjour régu­lier pour la per­sonne ins­tal­lée en France, carac­tère régu­lier des res­sources, âge mini­mum por­té de 18 à 21 ans pour pos­tu­ler, exi­gence d’une assu­rance mala­die pour les candidat·e·s (conjoint·e·s et enfants) au regrou­pe­ment… alors qu’elles auraient auto­ma­ti­que­ment droit à l’assurance mala­die fran­çaise une fois regroupées.

Accès à la natio­na­li­té plus compliqué

Place Marceau, Pierre Licout a expli­qué que le pro­jet de loi veut dur­cir l’accès à la natio­na­li­té : ‘’Aujourd’hui, quand on est né en France, quand on a gran­di en France, à 18 ans, on est auto­ma­ti­que­ment fran­çais.’’ Avec le pro­jet, il n’y aurait plus d’automaticité. ‘’On va pré­ca­ri­ser, rendre étran­gers des per­sonnes qui sont nées et ont gran­di en France, C’est inacceptable !’’

Délivrance des cartes de séjour entravée

Au ter­mi­nus de la place des Épars, Céline Le Guay a décrit le dur­cis­se­ment des cri­tères pour l’obtention des cartes de résident et pour les regrou­pe­ments fami­liaux : niveau de langue fran­çaise aug­men­té et même de langue anglaise (niveau uni­ver­si­taire) pour les cartes de 10 ans ! ‘’Tous ce diplômes seront payants.’’  Autre entrave, la régu­la­ri­sa­tion  par le tra­vail serait limi­tée aux ‘’sec­teurs en ten­sion […] ça va créer un sta­tut pré­caire en plus sans per­mettre une régu­la­ri­sa­tion large et durable des per­sonnes qui travaillent.’’

Céline Le Guay a conclu : ’’ On refuse de vivre dans cette socié­té raciste, sécu­ri­taire et anti­so­ciale que nous pro­pose ce texte.’’ Les manifestant·e·s ont alors enton­né un slo­gan bien connu : ‘’De cette socié­té-là, on n’en veut pas !’’

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  1. Accueil des Exilés et Régularisation des Sans-Papiers : aeresp28@protonmail.com
  2. Obligation de quit­ter le ter­ri­toire français.