Hommage aux Manouchian : Le PCF 28 s’est félicité de la reconnaissance officielle de ses militant·e·s résistant·e·s
Dans notre département, on a plus l’habitude de voir un·e responsable communiste au micro d’un rassemblement contre l’autoroute A154 ou d’un meeting pour le cessez-le-feu à Gaza qu’à une tribune tricolore installée devant le monument Jean Moulin à Chartres. C’est pourtant ce qui a eu lieu le 21 février lorsque Gisèle Quérité, secrétaire départementale du PCF, a pris la parole devant le maire divers droite Jean-Pierre Gorges ceint de son écharpe d’élu et 70 personnes massées en demi-cercle.
Hommage aux combattants de la MOI
Cette cérémonie, réglée en accord avec la Ville de Chartres, se tenait quelques heures avant l’entrée au Panthéon des sépultures de Missak et Mélinée Manouchian. La fédération départementale du PCF avait tenu à organiser cet hommage aux combattants communistes étrangers des FTP-MOI1 qui sacrifièrent leur vie pour la liberté de la France. Une exposition était d’ailleurs installée (malgré la pluie) à proximité rappelant le parcours de quelques uns des 23 fusillés de l’Affiche Rouge2.
“Le pain, la liberté, la paix, c’est ce que veulent tous les migrants”
Gisèle Quérité commence son discours en s’exclamant : ’’Enfin, le rôle déterminant des communistes français, de sang ou français de préférence, dans la Résistance est reconnu.’’ Mais elle ne manque pas de mettre au jour la contradiction du pouvoir macroniste qui a voulu honorer les immigrés de la MOI au moment même où il met en œuvre une loi de rejet des immigrés d’aujourd’hui : Elle évoque la biographie de Missak Manouchian qui, après le génocide arménien perpétré par la Turquie dans lequel il a perdu ses parents, choisit la France ‘’parce que c’est le pays des Lumières, de la République, des Droits de l’Homme. Ces aspirations sont celles auxquelles le Front populaire, dix ans plus tard, tentera de répondre : le pain, la liberté, la paix. C’est de tous temps et aujourd’hui encore ce que veulent tous les migrants chassés par la famine, les guerres, les dictatures.’’ La secrétaire départementale du PCF insiste aussi sur la dimension internationaliste des combattants de la MOI en citant la dernière lettre des Manochian : ‘’Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine en moi contre le peuple allemand.’’
“Donner sens et réalité à la devise Liberté Égalité Fraternité
Elle insiste sur la signification, selon son parti, de cet hommage ‘’C’est avec vous tous, citoyens, citoyennes, attachés à la paix et à la justice, à la république sociale, celle qui cherche à donner sens et réalité à la devise Liberté-Égalité-Fraternité, c’est avec vous que nous souhaitons partager les valeurs incarnées par ces vies si brèves, si brutalement interrompues mais si pleines de sens et d’engagement.’’
La dernière lettre de Manouchian
Après, l’écoute du poème d’Aragon mis en musique et chanté par Léo Ferré, un jeune communiste lit la dernière lettre de Missak Manouchian : ‘’Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre […] Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement.’’ Ce texte poignant crée une grande émotion parmi les participant·e·s.
La Marseillaise clôt l’hommage
Puis c’est le dépôt de deux gerbes par Lionel Geollot, conseiller régional, et Gisèle Quérité (« Honneur et Respect — PCF ») et Jean-Pierre Gorges et une adjointe (« Le Maire de Chartres »), puis une minute de silence achevée par une sonnerie protocolaire. La Marseillaise retentit alors. Peut-être les martyrs auraient souhaité aussi L’Internationale ? Mais le Maire qui vient serrer la main des porte-drapeaux du Parti communiste, de la Jeunesse communiste et de l’ARAC3 n’aurait sans doute pas apprécié.
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- Francs-Tireurs et Partisans — Main d’œuvre Immigrée.
- Affiche placardée par les nazis sur les murs de France pour créer la peur.
- Association Républicaine des Anciens Combattants.