Le Phénomène migratoire et ses enjeux / Salle Simone-Signoret / Nogent-le-Rotrou / 19 décembre / 18 h. [REPORTÉ]

Quand :
19 décembre 2019 @ 18 h 00 min Europe/Paris Fuseau horaire
2019-12-19T18:00:00+01:00
2019-12-19T18:15:00+01:00
Où :
NOGENT-LE-ROTROU - Salle Simone-Signoret
avenue de la République
Coût :
Entrée libre
Contact :
Mai Pourquoi
06.42.11.13.81

En rai­son des grèves des trans­ports suite au pro­jet de régres­sion des retraites,

LA CONFÉRENCE EST REPORTÉE AU MOIS DE MAI PROCHAIN

La pré­sen­ta­tion de la confé­rence par Mai Pourquoi

Depuis tou­jours, l’humanité a été en mou­ve­ment hors de sa terre natale : soit par migra­tion choi­sie pour trou­ver un tra­vail ou des oppor­tu­ni­tés éco­no­miques, soit par migra­tion for­cée pour fuir un conflit, le ter­ro­risme ou des per­sé­cu­tions, ou pour se pro­té­ger de catas­trophes natu­relles ou des alté­ra­tions du cli­mat ou des sols.

Aujourd’hui, il n’y a jamais eu autant de per­sonnes vivant dans un pays où elles ne sont pas nées. En 2017, le nombre de migrants a atteint 258 mil­lions. Ils étaient 173 mil­lions en 2000. Toutefois, la pro­por­tion de migrants inter­na­tio­naux au sein de la popu­la­tion mon­diale connait une lente crois­sance, pas­sant de 2,3% en 1980 à 2,8% en 2000 puis 3,4% en 2017. 7 % des migrants (14 mil­lions de per­sonnes) sont des réfu­giés inter­na­tio­naux fuyant des zones de conflits.Atlas des migrations [Extrait]

Si plus de trois quarts des dépla­ce­ments visent une ins­tal­la­tion dans un pays dont le niveau de déve­lop­pe­ment éco­no­mique et social est supé­rieur à

celui du pays d’origine, la moi­tié des migrants ori­gi­naires d’un pays pauvre s’installe dans un autre pays pauvre.

Toutes les régions du monde sont aujourd’hui concer­nées par ces flux, comme zone de départ, d’accueil ou de tran­sit, par­fois l’une et l’autre à la fois.

Alors que des fron­tières se ferment et que des murs s’érigent, les caté­go­ries de migrants et de réfu­giés se brouillent à mesure que le phé­no­mène migra­toire se mondialise.

Réel enjeu pla­né­taire, les migra­tions trans­forment et affectent les rela­tions inter­na­tio­nales, redé­fi­nissent la sou­ve­rai­ne­té des États. Elles disent sur­tout la néces­si­té d’une diplo­ma­tie active inté­grant leur gou­ver­nance mon­diale et régio­nale, alors que les trans­for­ma­tions rapides des cli­mats et la mon­tée des mers ins­tallent une urgence nouvelle.

L’intervenante

Catherine Wihtol de Wenden, doc­teur en sciences poli­tiques, est direc­trice de recherche émé­rite au CNRS, au sein du Centre de recherches inter­na­tio­nales (CERI), uni­té mixte de recherche Sciences Po/CNRS.

Catherine WIHTOL de WENDEN [Photo 2]

 

Pendant 30 ans, elle a été cher­cheuse sur les migra­tions inter­na­tio­nales, dans une pers­pec­tive de science poli­tique et de droit public. Elle a étu­dié à Sciences-Po Paris et à l’Université Paris I (Panthéon-Sorbonne). Elle a obte­nu son doc­to­rat en sciences poli­tiques en 1986.

Elle a publié plus de 20 livres, seule ou en tant que co-écri­vain et envi­ron 150 articles. Elle enseigne éga­le­ment à Sciences-Po, à l’Université La Sapienza et à LUISS à Rome.

Elle a été pré­si­dente du comi­té de recherche sur la migra­tion de l’ISA (Association inter­na­tio­nale de socio­lo­gie) (2002–2008) et experte auprès de plu­sieurs orga­ni­sa­tions inter­na­tio­nales (HCR, Conseil de l’Europe et de la Commission européenne).

L’interview

« Migrants, sans papiers, deman­deurs d’asile, Roms sont mis au ban de l’égalité »

«L’une des plus grandes inéga­li­tés aujourd’hui, c’est le pays où l’on est né, puisque de là découle le droit à cir­cu­ler avec ou sans visa et donc l’exposition ou non à l’illégalité du pas­sage. Ainsi, si l’on est danois, on peut cir­cu­ler libre­ment dans 164 pays, si l’on est russe, dans 94 pays et si on est ori­gi­naire d’un pays d’Afrique sub­sa­ha­rienne ou du Bangladesh, on ne peut aller nulle part sans visa.Atlas des migrations [Couverture]

Il convient de “lever les bar­rières”, car non seule­ment la mobi­li­té est un droit fon­da­men­tal de l’homme, mais elle est aus­si un fac­teur essen­tiel du déve­lop­pe­ment humain.

Or, aujourd’hui, on marche sur la tête. Migrants, deman­deurs d’asile, sans-papiers, Roms sont mis au ban de l’égalité des droits. Avec eux, nos socié­tés occi­den­tales pra­tiquent l’esclavage moderne dans des archaïsmes inouïs. Oui, le com­bat pour l’égalité est vital dans nos socié­tés où tant de gens ne sont pas com­plè­te­ment citoyens.

Ainsi, les Français d’origine immi­grée sont citoyens sur le papier mais ils subissent trop de dis­cri­mi­na­tions : à l’embauche, à la for­ma­tion, au loge­ment, aux loi­sirs, contrôle au faciès, bavures poli­cières impu­nies… Ils sont relé­gués dans les quar­tiers dits sen­sibles et on leur fait cumu­ler les han­di­caps. Ensuite on les enferme dans une appar­te­nance iden­ti­taire dans laquelle eux-mêmes finissent par s’enfermer. Parmi les 22 % de jeunes chô­meurs actifs de moins de 25 ans en France, 42 % sont des jeunes des­cen­dants d’immigrés ori­gi­naires d’Afrique.

À l’occasion de mes tra­vaux, j’ai pu consta­ter que beau­coup de jeunes sont sen­sibles aux contra­dic­tions exis­tant entre les valeurs d’égalité, de jus­tice sociale, voire de fra­ter­ni­té et les dis­cri­mi­na­tions ins­ti­tu­tion­nelles, notam­ment poli­cières, dont ils sont l’objet sans qu’une poli­tique déter­mi­née y apporte de réponse. »

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Catherine Wihtol de Wenden est l’au­teure, notam­ment, de « l’Atlas 
des migra­tions ». Éditions Autrement, 2018.

 

Paru dans l’Humanité du 16 avril 2015