Gilets Jaunes : Manifestation
régionale à Chartres
Au lendemain de la conférence citoyenne tenue à Chartrexpo (1), la manifestation régionale des Gilets Jaunes (GJ) démarre, ce samedi 13 avril devant l’entrée du parc des expositions. Mais si, effectivement, sont présents des manifestants venus des autres départements (Blois, Vierzon, Châteauroux…), les Euréliens ne font pas le plein. Le nombre des participants, environ 300, est plutôt décevant si on se réfère aux défilés des 12 et 26 janvier qui avaient rassemblé 500 personnes pour des appels couvrant seulement l’Eure-&-Loir.
“On ne lâchera rien !”
Qu’à cela ne tienne, le dynamisme des mobilisés a animé la marche, jusqu’au centre-ville et retour, pendant près de 3 heures. Au départ, Benoît Le Cam, porte-parole de GJ de Chartres déclare sous les applaudissements « On est toujours là et on lâchera pas ! » D’ailleurs, un des airs les plus repris durant le parcours sera « On est là, on est là même si Macron ne le veut pas, on est là ! Pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur, on est là, on est là ! » Sans cesse relancés par la sono et deux ou trois mégaphones, des slogans ou des chansons sont ainsi unanimement repris : « Emmanuel Macron, oh tête de c…, on vient te chercher chez toi » (2) ou « La rue, elle est à qui ? Elle est à nous ! ».
Des automobilistes qui croisent le cortège klaxonnent, sont salués en retour par des vivats. Mais quand les manifestants entonnent « Ne nous regardez pas, rejoignez-nous ! » beaucoup, surtout en centre-ville, restent de marbre. Sauf des GJ motards qui attendaient le cortège au bas de l’avenue Jean-Mermoz.
“On nous empêchera pas de manifester !”
Unanimement repris aussi « Macron nous fait la guerre et sa police aussi mais on reste déter (3) pour bloquer le pays ». À l’appui, un GJ brandit une pancarte avec des photos des mutilés et éborgnés par des tirs policiers : « Le Fouquet’s, on répare, les yeux ça repousse pas. » Tout à coup « Tout le monde déteste la police » surgit de plusieurs bouches. Un policier gradé exige « Pas d’insultes envers la police ! » Certains veulent passer outre, mais c’est l’humour qui l’emporte : « La police déteste tout le monde ! » crie la foule. Un autre moment de légère tension avec les forces de l’ordre se reproduira place des Épars lorsque la tête de manifestation se retrouvera face au cordon de policiers, dont un armé d’un flashball, à l’entrée de la rue Delacroix. « État d’urgence, État policier ! On nous empêchera pas de manifester ! »
Hétérogénéité du mouvement
L’hétérogénéité du mouvement se repère quand certains n’entonnent pas les Marseillaise ou dans la diversité des pancartes ou des écritures sur les gilets. Le Frexit (4) côtoie Moins de banquiers, plus de banquises, la croix de Loraine sur un drapeau tricolore voisine avec Non aux expulsions à NDDL, ancienne inscription peinte à l’arrière de la banderole de tête… Sur le dos de l’un Accueil des réfugiés — Zéro SDF, sur celui d’un autre Gilets Jaunes canal historique rayonnant d’une croix latine… Mais tout le monde se retrouve soudé, devant le monument Jean-Moulin, pour la minute de silence en hommage aux morts et blessés durant le mouvement ou lorsqu’est repris plusieurs fois de suite l’unificateur « Ah la la la la la, les Gi-lets jaunes. »
Après deux heures de marche, les manifestants quittent la place des Épars pour rejoindre Chartrexpo au rythme de l’escargot, au grand dam des policiers…
___
- Dans un prochain article, nous ferons un compte-rendu de cette conférence.
- Référence à une déclaration du président, le 25 juillet 2018, à propos de l’affaire Benalla : « Le seul responsable de cette affaire, c’est moi. S’ils veulent un responsable, il est devant vous. Venez me chercher. »
- Déterminés.
- Sortie de la France de l’Union européenne.