La Commune de Paris : Avant le déclenchement, 1870–17 mars 1871
Nous nous proposons de tenir au fil des semaines une chronique des événements de la Commune de Paris. Mais avant les 73 jours proprement dits de la Commune, les mois qui précèdent ont connu des événements qui y ont abouti (voir aussi notre article Genèse de la Commune de Paris). C’est l’objet de cette ‘’pré-chronique’’ qui couvre la période de janvier 1870 à la veille du 18 mars 1871.
Commune de Paris
Éphéméride 1870 — 17 mars 1871
1870
Janvier : 100 000 personnes (dont Eugène Varlin et Louise Michel) aux obsèques de Victor Noir, jeune journaliste, assassiné par le Prince Pierre Bonaparte, qui ne fut pas inquiété. On y entonne le chant La Canaille « eh bien j’en suis… ».
Juillet : Napoléon III déclare la guerre à la Prusse.
Septembre : Napoléon III est fait prisonnier par les Prussiens. Proclamation de la République à l’Hôtel de Ville de Paris par les élus républicains et formation du gouvernement de la Défense nationale. Début du siège de Paris par 180 000 Prussiens.
Le 22 : Insurrection en Martinique, réprimée violemment après cinq jours. Conseil de guerre pour 500 ‘’émeutiers’’ : 8 exécutions. 114 inculpés dont 15 femmes parmi lesquelles Madeleine Clem, Rosanie Soleil, Lumina Sophie.
Le 30 : Manifestation de 300 femmes devant l’Hôtel de Ville de Paris, et remise d’un texte par 4 déléguées, dont Louise Michel, et Blanche Lefèvre : « Citoyens, nous venons réclamer d’aller sur les remparts pour relever les blessés et s’il se trouve des lâches ramasser leurs fusils et être soldats à leur place pour vivre libres ou mourir. Vive la République ! »
Octobre
Le 31 : Manifestation contre la capitulation du gouvernement qui négocie avec les Prusssiens sans combattre : occupation pacifique de l’Hôtel de Ville virant à l’insurrection, vite réprimée avec des promesses d’élections municipales et d’absence de représailles (celles-ci non respectées). Dans Le Réveil, appel de Charles Delescluze à la proclamation de la Commune et à la levée en masse.
Novembre
Lors des élections municipales de Paris du 2 novembre, élection de Clemenceau dans le 18e arrondissement et de Delescluze dans le 19e. Jules Ferry est nommé maire de Paris.
Décembre : Échec de deux tentatives de sorties pour forcer le blocus prussien.
1871
Janvier
Le 5 : Début du bombardement de la capitale par les Prussiens.
Le 7 : Collage dans tous les quartiers de l’«affiche rouge », dénonçant la capitulation, et appelant à la formation d’une Commune de Paris « Place au Peuple ! Place à la Commune ! », rédigée, entre autres, par Jules Vallès et Edouard Vaillant.
Le 19 : Échec d’une nouvelle tentative de sortie contre les Prussiens : 4 000 morts dont 1/3 de gardes nationaux.
Le 22 : Manifestation de protestation devant l’Hôtel de Ville. Discussions houleuses avec les autorités officielles de Jules Ferry. Fusillades : plusieurs dizaines de morts et de blessés, pour la plupart du côté des manifestants. Riposte du gouvernement : fermeture des clubs, 17 journaux interdits et répression de certains opposants dont Charles Delescluze.
Le 28 : Signature de l’armistice par le gouvernement. Il prévoit une lourde rançon pour Paris. Envol du dernier ballon portant à la France la triste nouvelle. Il termine sa course dans la Sarthe.
Février
Le 08 : Dans un pays avec 43 départements occupés par les Allemands, qui détiennent 500 000 prisonniers, élection d’une assemblée nationale à majorité monarchiste favorable à la paix à tout prix. Mais 36 des 43 députés de Paris sont hostiles à la capitulation : Garibaldi, Rochefort, Blanc, Hugo, Blanqui, Varlin, Delescluze… Thiers élu chef du pouvoir exécutif.
Le 26 : Préliminaires de paix : démission de quelques députés dont Léon Gambetta et Victor Hugo.
Mars
Le 1er : Défilé de 30 000 Prussiens dans Paris.
Le 10 : Vote par l’Assemblée de la fin du moratoire des loyers et des effets de commerce : plus de 150 000 Parisiens sont menacés d’expulsion, de faillite et de poursuites judiciaires. Suppression de la solde des gardes nationaux parisiens. Le gouvernement s’installe à Versailles. Condamnation à mort par contumace d’Auguste Blanqui et de Gustave Flourens pour leur participation à la journée du 31 octobre 1870.
Le 11 : Décret suspendant six journaux dont Le Père Duchêne et Le Vengeur, et interdisant jusqu’à nouvel ordre la publication de tout nouvel organe politique.
Le 15 : À cette date, plus de 200 bataillons ont adhéré aux statuts de la Fédération de la Garde nationale.
Le 16 : Adolphe Thiers, ‘’chef du pouvoir exécutif de la République française’’ vient s’installer à Paris (au quai d’Orsay) avec la mission de ‘’pacifier la ville’’. En Algérie, en Kabylie, début de l’insurrection d’El Mokrani à la tête d’une armée de 8 000 à 10 000 hommes.
Le 17 : Parmi d’autres, arrestation de Blanqui et ordre de Thiers de désarmer les Parisiens. Affiche de Thiers s’adressant aux ‘’bons citoyens’’.