Orléans : 250 contre une ’’prison à migrants’’ à Olivet / Soutien des occupants du théâtre
250 manifestant·e·s dans les rues d’Orléans samedi 27, à l’appel d’organisations soutenant les étrangers et demandeurs d’asile en France. Les syndicats CGT, FSU, Solidaires étaient présents, RESF, la Ligue des Droits de l’Homme, le Mouvement de la Paix, le collectif Offensive féministe 45, le NPA, LFI, les Libertaires et un groupe conséquent de migrants originaires de différents pays africains. Une dizaine d’Euréliens y étaient, à l’appel de la FSU, de Solidaires, et de l’AÉRéSP281, collectif qui défend les droits les demandeurs d’asile, les mineurs non accompagnés et les personnes devant renouveler leurs autorisations de séjour. Avec le soutien des organisations nationales : FASTI, CIMADE, LDH, réseaux de visiteurs, Syndicat des avocats de France, GISTI, etc.
Organisations et citoyen·ne·s regroupé·e·s pour refuser qu’un centre d’enfermement soit construit à Olivet (ouverture prévue en 2023) dont l’emplacement est déjà visible près de l’Université. Mais aussi pour clamer leur solidarité avec les migrants et migrantes du monde entier.
Le cortège hérissé de pancartes et particulièrement audible dans les rues du centre-ville est parti de la place de la Loire pour achever le parcours au théâtre où l’attendaient les artistes qui occupent ce lieu depuis 16 jours.
Vous avez dit C.R.A. ?
Il y a de multiples manières d’en parler ! La langue administrative dit, froidement, Centre de rétention administrative (CRA). Pas de mystère quant au mot rétention mais l’associer à administrative et ne pas compléter est déjà une violence institutionnelle par l’invisibilisation. Serait plus clair pour le néophyte : « Centre de rétention par l’Etat français d’individuels et de familles étrangères avec enfants dont les demandes à s’établir en France ont été refusées et qui sont maintenu.e.s en des lieux d’enfermement en vue de leur éviction ».
Le ministère de l’Intérieur a budgété la construction de quatre CRA supplémentaires en France. La France se distingue déjà par une politique très développée et répressive d’enfermement des personnes étrangères visées par une expulsion. Chaque année, près de 50 000 personnes subissent cette privation de liberté traumatisante. Le nombre de places en rétention dans l’hexagone en serait ainsi doublé, passant de 1069 en 2017 à 2157.
’’J’ai pas tué, j’ai pas volé, j’ai juste pas de papiers’’
Brutalités, non accompagnement sont les réponses courantes de l’institution. Les violations des droits des personnes enfermées sont fréquentes. La situation actuelle de non-respect des protocoles sanitaires entraîne les migrant·e·s vers le désespoir, des grèves de la faim et même des suicides.
Les enfants, eux-aussi enfermés
L’appel de l’AÉRéSP28 explique : « On enferme aussi les enfants, du nourrisson au jeune de 17 ans, au motif qu’on ne sépare pas une famille… 53273 personnes ont été enfermées en 2019 (la moitié de la population de Chartres-Métropole), dans les centres et locaux de rétention administrative. 3380 enfants ont été enfermés en 2019 (3101 à Mayotte et 279 en métropole). Ces condamnations et enfermements se font sans jugement préalable, procédure à l’encontre de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ».
Émotion partagée grâce aux intermittent·e·s du spectacle
Superbe accueil devant le Théâtre par un orchestre inspiré, excellent, dialoguant avec des comédiens qui interpellent dans une langue poétique et puissante cette société inégalitaire et violente. Leurs textes condamnent l’accaparement des richesses, l’éloignement imposé (pas seulement du fait de la crise sanitaire !) tirant les êtres humains vers l’égoïsme ou la tolérance aux injustices, s’ils ne réagissent pas par la prise de parole, le cri, la solidarité.
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