La Commune de Paris : 23 — 29 avril 1871

Nous nous pro­po­sons de tenir au fil des semaines une chro­nique des évé­ne­ments de la Commune de Paris. Après, une pre­mière chro­nique qui explique la genèse de cet évé­ne­ment, nous sui­vons les péri­pé­ties semaine après semaine. Voici la 6ème semaine.

Retrouvez les liens vers toutes les éphé­mé­rides parues et tous les articles sur la page  Nos articles sur la Commune.

Commune de Paris

Éphéméride 23 — 29 avril 1871

 

1871

 

Avril

 

Le_fort_d'Aubervilliers_-_Batterie_dirigée_sur_Paris durant la Commune 1871Le 23 : Victor Clément, Claude Miot et Ferdinand Gambon, sont char­gés de visi­ter les pri­sons pour rece­voir les récla­ma­tions des détenus.

Eugène Protot, délé­gué à la jus­tice, pro­pose que les huis­siers, notaires, com­mis­saires-pri­seurs et gref­fiers de tri­bu­naux soient des fonc­tion­naires appoin­tés et que « Sans doute, le prin­cipe de l’élection des magis­trats par le suf­frage uni­ver­sel doit être la loi de l’avenir »

Les écoles pri­maires du IIIe arron­dis­se­ment laï­cisent tout leur per­son­nel. Les IVe et XIXe en font autant.

Thiers orga­nise le blo­cus du ravi­taille­ment de Paris.

 

Le 24 : Dans le Xe arron­dis­se­ment, l’école du Faubourg Saint-Martin est ouverte à tous les enfants de six à quinze ans et « confiée à la direc­tion d’un ins­ti­tu­teur laïque ».

Ferdinand Gambon refuse le poste de pro­cu­reur de la Commune : son expé­rience de magis­trat et celle de l’enfermement pen­dant dix ans l’ont convain­cu du carac­tère nocif de la prison.

Jules Andrieu, «  un des com­mu­nards les plus lucides et les plus com­pé­tents » pour l’historien Stéphane Rials, pour­tant peu favo­rable à la Commune, reçoit la délé­ga­tion de conci­lia­tion du Havre avec Édouard Vaillant, Léo Frankel et Paschal Grousset.

Benoît Malon : « Citoyens, vous savez que le bom­bar­de­ment s’étend de plus en plus. À Clichy, à Levallois, il y a des vic­times tous les jours. »

Fort d'Issy longtemps tenu par les Communards, 1871

 

Le 25 : Début du bom­bar­de­ment du fort d’Issy où les mêmes hommes tiennent le vil­lage et le fort depuis un mois. C’est un point clé.

Réquisition des loge­ments vacants pour y loger les vic­times des bom­bar­de­ments faits par les troupes ver­saillaises. Malon  pré­cise : « elle devra être pré­cé­dée d’un état des lieux dont copie sera déli­vrée aux repré­sen­tants des pos­ses­seurs en fuite ».

Agricol Perdiguier juge le Manifeste de la Commune comme contraire aux règle­ments de l’ordre maçon­nique et aux prin­cipes du com­pa­gnon­nage. Et pour­tant… voir le 29 avril.

Jules Allix, pro­fes­seur de gym­nas­tique et pro­fes­seur de sciences  pro­pose de « lais­ser déga­ger au Mont-de-Piété les outils et les usten­siles, dussent les anneaux de mariage y rester. » 

 

Le 26 :  Lors d’un long débat sur l’application du décret sur les otages, Jules Vallès : « Si la Commune décide que l’on doit fusiller les pri­son­niers, Versailles vous répon­dra qu’il désap­prouve les actes vio­lents com­mis par ses troupes et les excu­se­ra par l’entraînement du com­bat. Versailles aura donc aux yeux de tous le beau rôle et nous le vilain. »  François Jourde : « Si nous devons user de repré­sailles, fai­sons-le léga­le­ment, mais ne nous assas­si­nons pas. Soyez ins­pi­rés par la jus­tice. Faites-le avec un sen­ti­ment qui ne soit pas celui de la vengeance. »

Jules Andrieu pré­sente un pro­jet de décret pour une orga­ni­sa­tion ration­nelle et effi­cace de la Commune et des muni­ci­pa­li­tés « ce qui, jusqu’ici, nous a tou­jours fait défaut ».

 

Le 27 : Formation d’une com­mis­sion char­gée d’établir dans tous les arron­dis­se­ments de Paris le même modèle d’enseignement inté­gral, pri­maire et pro­fes­sion­nel, laïque et gra­tuit, incluant les arts et la culture pour tous, filles et gar­çons. Créée par Édouard Vaillant, elle com­prend Gustave Courbet, l’écrivain Jules Vallès, le répu­bli­cain radi­cal Claude Miot, l’instituteur Augustin Verdure et le poète et chan­son­nier Clément Jean-Baptiste .

Les Francs-maçons se rallient à la Commune et plantent leurs bannières sur la barricade

Les Francs-maçons se ral­lient à la Commune

 

Le 28 : Décret inter­di­sant les amendes et les rete­nues sur salaires. Les amendes infli­gées depuis le 18 mars devront être restituées.

Grousset s’oppose à la pro­po­si­tion de Courbet deman­dant que l’Europe recon­naisse à Paris la qua­li­té de bel­li­gé­rant : l’Europe, dit-il, n’a pas à arbi­trer entre les deux France.

Vaillant veut réor­ga­ni­ser l’Université. Mais les Versaillais ont trans­fé­ré à Tours l’École Polytechnique de crainte que les jeunes élèves offi­ciers suivent l’exemple du poly­tech­ni­cien Louis Rossel ral­lié à la Commune. Les pro­fes­seurs de l’école de Médecine ont fui à Versailles, l’appel aux offi­ciers de san­té, aux méde­cins et aux pro­fes­seurs res­tent reste sans réponse.

Vu la gra­vi­té des cir­cons­tances, Claude Miot pro­pose de trans­fé­rer tous les pou­voirs à un Comité de salut public de cinq membres : dis­cus­sions puis report du vote au 30.

 

Le 29 :10 000 francs-maçons plantent leurs 62 ban­nières sur les bar­ri­cades et envoient deux des leurs auprès de Thiers pour par­le­men­ter, en vain. D’autres conci­lia­teurs, nom­breux, insistent tous sur l’affermissement de la répu­blique, et la recon­nais­sance des fran­chises muni­ci­pales : la Ligue des droits de Paris, l’Union des Chambres Syndicales, de nom­breux jour­naux… cer­tains pour­tant peu favo­rables à la Commune.