Chartres : Masqués, mais pas bâillonnés !
L’interdiction par la Préfecture de la prestation du Plus Grand Orchestre de l’Univers d’Eure-et-Loir au prétexte qu’ ‘’ il est impossible de jouer de la musique en statique sur une place car cela induit forcément des rassemblements’’ n’a pas découragé les initiateurs transformant immédiatement la formation en Grand orchestre silencieux, c’est-à-dire en défilé muet d’artistes vêtus de noir, bouches bâillonnées, instruments rangés dans leurs étuis. Le parcours depuis la butte des Charbonniers a vu des arrêts sur la place Châtelet, l’esplanade Jean-Moulin et la place des Épars. À chaque fois, les artistes s’effondrent foudroyés par l’état d’urgence sanitaire. Le contour de leurs corps est marqué à la craie sur le sol.
”Tu auras beau tout raboter…”
Sur la place des Épars où près de 200 personnes se sont rassemblées, l’agora débute par la diction (le chant, la danse étant interdits par la Préfecture…) du texte d’une chanson de Thomas Pitiot particulièrement de circonstance : ‘’Tu auras beau tout raboter, tu n’auras jamais notre beauté’’.
Puis, les prises de parole se succèdent. Roxane, de la Ligue de l’Enseignement (FOL 28), précise que celle-ci ‘’est intimement convaincue de la vertu émancipatrice de l’art, laboratoire démocratique qu’offre la culture’’.
‘’L’intermittent, c’est un travailleur à emploi discontinu”
Une intermittente explique… que ce n’est pas un métier ! ‘’L’intermittent, c’est un travailleur à emploi discontinu qui touche du salaire quand il travaille et qui touche des indemnités chômage quand il ne travaille pas’’. En fait c’est une façon de parler car lorsqu’il n’est pas employé sur un spectacle, il en prépare, entretient son art, se forme… Son collègue explique la réforme du calcul des droits au chômage pour les intermittents de toutes professions et conclut qu’elle va entraîner une perte financière moyenne de 30%.
Sabine, d’ATD-Quart monde, qui lutte contre la grande pauvreté (6 millions de personnes), explique comment le gouvernement réduit la représentation de l’organisation au sein du Conseil économique, social et environnemental, troisième assemblée constitutionnelle de la République.
Julie présente l’AERéSP qui défend l’accès aux droits des étrangers (permanences), la régularisation des sans-papiers, l’accès des mineurs isolés à la scolarité ou à la formation.
Loi Sécurité globale : le combat continue
Marie-Sophie redit l’opposition des intermittents de l’Atelier à spectacle occupé à la réforme de l’assurance chômage et explique à nouveau dans quelles conditions doit se faire la réouverture des lieux culturels (voir ici).
Micheline du collectif percheron Pour un Après pas comme Avant fait le point sur loi dite de Sécurité globale qui est désormais votée. Elle en rappelle les grandes lignes liberticides et incite à poursuivre le combat pour défendre les libertés fondamentales en parallèle avec la saisine du Conseil constitutionnel par des associations (Amnesty, Quadrature du net, Ligue des Droits de l’Homme) et des syndicats (journalistes, magistrats, avocats).
Les marionnettes stars approuvent en relisant leur lettre explicite au président ‘’On ne veut plus se taire, ça a assez duré !’’.
Convergence des luttes
Claudie attire l’attention sur la non reprise, malgré les engagements du Président, de l’essentiel des propositions de la Convention citoyenne pour le Climat. Elle annonce une marche le 9 mai à Chartres au départ de la gare.
Puis, ce sont deux Gilets Jaunes de Nogent-le-Rotrou (Cathy et Patrick) qui constatent la diversité respectée dans les agoras et insistent la nécessaire convergence des luttes.
Cette action se termine par la reprise en chœur d’un slogan : ‘’Chômeurs, précaires, intermittents, avec ou sans papiers, solidarité !’’.