Ramdamarche des luttes :
”Nous ne lâcherons rien, ni ici, ni ailleurs”
Née autour du combat contre la mise en concession autoroutière des RN 12 et 154, l’idée de « Ramdamarche des luttes », avait pour objectif de rassembler les luttes environnementales et sociales dans un événement commun et festif dans le même esprit que l’agora des luttes tenue à Courville le 18 avril. Réunir ces deux branches du mouvement citoyen n’est pas une mince affaire, elle est émaillée de difficultés, parfois d’incompréhensions réciproques. Aussi, ne peut-on que se féliciter de ces retrouvailles unitaires le 29 mai.
”La nationale, elle est à qui ? Elle est à nous !”
Heureusement que le soleil était là et avait asséché les ornières car l’essentiel du parcours était constitué de chemins longeant les champs en bordure de la RN 154. Deux cortèges, l’un parti du Péage d’une soixantaine de participant·e·s, l’autre de Challet fort d’au moins 140 marcheuses et marcheurs, ont convergé pour atteindre le Bois-Villette où les prises de parole étaient prévues.
Vus de loin ces groupes longuement étirés auraient pu être pris pour des processions champêtres, mais en s’approchant, on identifiait les drapeaux des organisations participantes et des pancartes explicites : ‘’Projet d’autoroute écocide anti-climat’’, ‘’Oui à MOB 28’’… Des automobilistes et des routiers ne s’y trompaient pas klaxonnant bruyamment ayant été sensibilisé par les pancartes installées par les militants au bord de la 2 fois‑2 voies. Les ‘’randonneuses et randonneurs’’ tentaient eux aussi de faire du bruit munis, qui d’une casserole ou d’une bassine métallique et d’un bâton, qui d’une sirène, qui d’un tuyau strié pour mouliner l’air… mais les sons avaient tendance à se perdre dans l’immensité des champs. Qu’à cela ne tienne, la parole prenait le relais sous forme de slogans ‘’La nationale, elle est à qui ? / Elle est à nous / On l’a déjà payée / Elle restera publique !’’
”Nous ne lâcherons rien pour la RN 154, ni ici, ni ailleurs !”
L’environnement inhabituel pour une manifestation, agrémenté même pour celles et ceux partis du Péage, du passage d’une passerelle de bois branlante, donna un caractère aventureux au parcours. Mais le but, après plusieurs kilomètres, était en vue installé dans un espace herbeux en bordure du bois où les barnums de Solidaires et de la CGT accueillaient des boissons et de la documentation. Les militants organisateurs avaient aussi prévu les indispensables toilettes sèches.
C’est Martine Trofleau, présidente de la FEEL, qui a ouvert le meeting en rappelant l’historique de la lutte contre l’A154 et pour le projet alternatif MOB28 et dénoncé « cette volonté de l’État de mise en concession des routes nationales soutenue voire voulue par les ‘’grand élus’’ [… et …] l’injustice sociale et environnementale d’un tel projet ». Elle a terminé sous les applaudissements par un retentissant : « Nous ne lâcherons rien pour la RN 154, ni ici, ni ailleurs ! »
Convergence des luttes
Ensuite, se sont succédé, 10 porte-paroles mettant en valeur un aspect d’une lutte à laquelle leur organisation participe. Nous ne pouvons que très brièvement les évoquer dans le cadre de cet article, dans l’ordre du tirage au sort : AERéSP (présentation de son action pour les étrangers sans papiers et le sort des mineurs isolés), Coordination rurale (6 à 700 ha de terres agricoles mangées par le projet A154), Sykadap (ne rien lâcher face aux agressions climaticides), Atelier à spectacle occupé (des droits sociaux pour toutes et tous), FSU (remise en cause de la fonction publique, affaiblissement de la démocratie sociale), Solidaires (la coordination des luttes sociales et écologiques devient un enjeu primordial pour le mouvement syndical), CGT (rouvrir la ligne ferroviaire Dreux-Chartres-Orléans pour réduire la circulation des camions, un train = 30 camions), deux interventions d’associations affiliées à la FEEL (sur les ressources en eau menacées par l’A154 et sur la nocivité des carrières à calcaires), enfin Confédération paysanne (l’eau bien naturel, sécurité sociale de l’alimentation).
Le rassemblement terminé, il ne restait plus qu’à refaire le trajet, en sens inverse !