Chartres : La marche a rappelé l’urgence climatique minorée dans le débat médiatique électoral
La précédente marche à Chartres pour le climat remonte au 9 mai 2021, lors d’une accalmie de la pandémie, et avait rassemblé 300 participant·e·s. En ce 12 mars 2022, le chiffre est au mieux de 250, et on est loin des 600 du 16 mars 2019. Mais le Covid est passé par là et, depuis deux semaines, la guerre en Ukraine a occulté dans l’actualité le nouveau rapport du GIEC1. Aussi, faut-il se féliciter qu’un important noyau dur de citoyen·ne·s ne lâche pas le combat.
Partie de la place Châtelet, la manifestation a passé une première fois sur la place des Épars où elle a croisé un rassemblement antivax / antipass d’une cinquantaine de personnes, puis à tourné dans le centre-ville pour revenir place des Épars où plusieurs porte-parole des organisations appelantes (voir affichette) ont développé les arguments en faveur du climat, de la biodiversité et de la justice sociale.
Dominique Chéron-Prier, pour la FSU, pointe d’emblée : « Le modèle de société capitaliste, productiviste, inégalitaire et autoritaire […] est totalement dépassé et inadapté. […] Il est urgent d’engager sérieusement la transition écologique et sociale de notre société. » Dans le secteur professionnel de son syndicat, elle propose « de nous mobiliser ensemble autour des cantines scolaires, celles-ci sont un outil essentiel pour permettre d’accéder à une alimentation choisie et de qualité en s’appuyant sur une agriculture paysanne et des circuits relocalisés. »
Vanessa (À bas le béton — Mer) du jeune collectif Coopération luttes locales Centre (LLC) s’adresse aux élus de la région Centre-Val de Loire : « Vous avez porté un projet de déclaration de moratoire sur toute nouvelle construction portant atteinte à notre environnement dans la région et celui-ci a été rejeté… par une composante de votre groupe majoritaire ! […] Il n’y a pas d’illusion à se faire sur la volonté réelle de ces composantes politiques plus préoccupées par la défense d’intérêts industriels que par l’évidence de la catastrophe à venir. Nous entrons dans les prochaines années dans une lutte politique et associative de chaque jour. »
François Bordes, au nom de la FEEL, souligne qu’ « il y a à la fois convergence entre ceux qui défendent l’environnement et ceux qui sont au cœur des luttes sociales. » Il cite le récent rapport d’Oxfam-Greenpeace : « Les 63 milliardaires français ont des actifs financiers qui représentent la moitié des émissions du gaz carbonique en France » et « 50% des Français sont dans une situation où les objectifs de la COP 28 sont déjà respectés parce que leur niveau de vie ne leur permet pas de consommer davantage. » Et il conclut « Sans réduction des inégalités, nous n’arriverons pas réduire les problèmes climatiques. »
Bernard Cordier, pour SykAdap, affirme « La seule écologie sincère est révolutionnaire, le climat sera sauvé par un effondrement du capitalisme ou ne le sera pas. » Et il « donne rendez-vous au 10 avril prochain. »
Paul Ténier (L 214) dit intervenir « pour mettre en évidence l’impact que peut avoir notre alimentation sur le climat […] Notre consommation de viande participe à détruire de nombreux écosystèmes telle que la forêt amazonienne dont la disparition est à 60% due à l’élevage intensif. […] Si nous voulons résoudre la crise du vivant, il est plus que nécessaire de ne plus fermer les yeux sur les traitements abominables que nous faisons vivre à tous les autres êtres vivants qui peuplent cette planète. »
Pour Chartres Écologie, Jean-François Bridet, en référence au rejet du moratoire sur l’artificialisation des sols et l’extension des centres logistiques (voir plus haut) affirme : « La responsabilité politique, aujourd’hui, est d’ouvrir les yeux, d’arrêter la pensée magique, la facilité intellectuelle de toujours reporter à demain et aux solutions technologiques qui n’existent pas et qui n’existeront pas […] la solution est dans une autre organisation de la société où l’on aura moins de biens mais plus de liens, tous ensemble. »
Rendez-vous a été donné pour de futures actions et pour contribuer à faire entrer l’urgence climatique dans la campagne électorale scandaleusement quasi ignorée jusqu’ici.
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- Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Voir ici la synthèse du dernier rapport.