Ukrainien·ne·s d’E-&-L :
Chanson et musique nous permettent de tenir
Chaque samedi, place Châtelet à Chartres, de nouveaux témoignages de réfugiés nouvellement arrivés viennent compléter notre vision de la situation en Ukraine et solliciter notre émotion. Ces témoignages sont précieux pour que nous ne nous habituions pas à la guerre et continuions à apporter notre solidarité.
Inna1 précise que nous sommes à la veille, huit jours après la Pâque orthodoxe, de l’équivalent de la Toussaint catholique, une célébration de toutes les personnes décédées. Aussi, « nous avons deux raisons pour rendre hommage à tous les soldats qui ont donné leur vie pour notre liberté. » Elle souligne que déjà « 219 enfants sont décédés durant cette guerre et 398 blessés. »
“On ne peut même pas avoir l’aide humanitaire”
Un premier témoignage d’une femme de Kharkiv décrit des bombardements quotidiens. « Les Russes bombardent tout ce qui bouge. On ne peut même pas avoir l’aide humanitaire, […] toutes les routes sont bloquées. » Les gens « n’ont rien à manger et rien à boire. » Elle rapporte le témoignage d’une amie de Boutcha selon lequel « Les soldats russes violaient des femmes et même des enfants parce qu’ils étaient ivres. »
Anissa, de Kharkiv aussi, précise que les habitants ne peuvent donner des nouvelles « Ils n’ont pas d’internet, ils n’ont pas d’électricité ». Pour quitter la zone de guerre, « la population n’a aucun moyen pour partir en Ukraine, il faut se déplacer seulement en Russie […] et après, ils passent par les camps de filtration2,[…] les gens qui ne sont pas d’accord avec le pouvoir de Poutine [disparaissent, les autres] sont déplacés dans des régions très éloignées […] dans l’Extrême-Orient. »
“Ils passent par les camps de filtration”
À ce moment, la traduction d’un chant patriotique ukrainien est distribuée. Ce chant datant de 1914 est devenu depuis la fin février l’hymne de l’armée ukrainienne. Il est interprété par une petite chorale improvisée. Une autre Ukrainienne, Irina, explique : « Les chansons, la musique nous soutiennent tous les jours pour tenir, pour agir, pour se souvenir, pour se mobiliser […] les chansons reflètent notre culture, les chansons c’est notre richesse. » Elle indique qu’à Chartres, l’Association des Ukrainiens met en place des ateliers d’apprentissage du français mais aussi d’ukrainien et de dessin.
Le rassemblement s’achève par la distribution d’œufs peints en chocolat en cette veille du souvenir des morts.
____________
- Voir nos précédents comptes-rendus, par exemple celui-ci.
- Cette pratique des camps de filtration a déjà été utilisée durant la guerre de Tchétchénie.