Orléans : Colloque ”Les Femmes et l’Argent” et une expo photo ”Mains de femmes”

Cette année, le col­loque de Mix-Cité 45 « Femmes des lumières et de l’ombre » porte sur « Les femmes et l’argent ». Il s’agit de la 14ème édi­tion qui va être accueillie ces jeu­di 19 et ven­dre­di 21 sep­tembre 2024 par la Médiathèque d’Orléans.

Mix-Cité

Mix-Cité 45 est une asso­cia­tion fémi­niste mixte qui existe à Orléans depuis 2000 avec pour  prin­ci­paux objec­tifs [1] « d’œuvrer pour l’égalité des femmes et des hommes. Ses inter­ven­tions s’orientent vers la lit­té­ra­ture de jeu­nesse et vers la culture de l’égalité. Il s’agit de lut­ter contre les inéga­li­tés de genre : Commencer par connaitre les sté­réo­types sexistes qui entravent cette éga­li­té, puis  cher­cher à  décons­truire ces sté­réo­types qui infiltrent toutes les couches de la socié­té, enfin mon­trer que l’on peut faire sans ces modèles inégalitaires ».

Colloque “Femmes des lumières et de l’ombre”

Depuis 2011, un col­loque est orga­ni­sé à la média­thèque d’Orléans nom­mé « Femmes des lumières et de l’ombre » avec comme par­ti pris de« rééqui­li­brer les pla­teaux de la balance de l’histoire entre les femmes et les hommes ».

« Les édi­tions pré­cé­dentes ont suc­ces­si­ve­ment mis en lumière les femmes du XVIIIe siècle, celles de la Belle Epoque, les savantes du XVIIe, les femmes de l’entre-deux guerres et celles du XIXe siècle. Des pers­pec­tives plus thé­ma­tiques nous per­mettent d’étoffer désor­mais nos ques­tion­ne­ments. Les femmes de science ont ain­si ani­mé nos ren­contres 2017. En 2018, une approche plu­ri­dis­ci­pli­naire (his­to­rique, lit­té­raire, socio­lo­gique, phi­lo­so­phique…) [a per­mis] de réflé­chir à ce qui relie les femmes à la politique ».

Ce col­loque est sou­te­nu finan­ciè­re­ment par le Conseil régio­nal du Centre-Val de Loire, la Préfecture de la région Centre-Val de Loire, la Direction régio­nale des affaires cultu­relles, la Mairie d’Orléans, la Médiathèque d’Orléans et le Centre Dramatique National d’Orléans.

Une ving­taine d’intervenant·e·s

Après l’accueil des par­ti­ci­pants et du public ce jeu­di 19 sep­tembre 2024 à 8h30 à la Médiathèque (Place Gambetta, audi­to­rium Marcel-Reggui, entrée libre, rue Chanzy), ce col­loque sera ouvert par des dis­cours d’ouverture de Delphine Benassi, vice-pré­si­dente du conseil régio­nal William Chancerelle, adjoint au Maire d’Orléans, char­gé de la culture, Monique Lemoine, pré­si­dente de Mix-Cité 45 et de la pré­si­dente du col­loque, Sylvie Gautier, historienne.

Animé par plus d’une ving­taine d’intervenant·e·s (voir enca­dré), le col­loque abor­de­ra les thèmes sui­vants : « qui gagne à la roue de la for­tune ? », « l’infortune des femmes », « la “for­tune” des femmes », « corps à vendre », « un rôle éco­no­mique essen­tiel » et « éman­ci­pa­tion, je te tiens ! » et se ter­mi­ne­ra ven­dre­di 20 à 17h30.

Cinéma

Il sera don­né une pro­jec­tion à 20h00 le jeu­di 19 : “La Banquière”, film fran­çais réa­li­sé par Francis Girod, sor­ti en 1980, ins­pi­ré de la vie de Marthe Hinau, au Cinéma des Carmes — Orléans

Photos

À l’occasion de l’une des der­nières édi­tions por­tant sur« les femmes et leurs corps », nous avions pré­sen­té une expo­si­tion pho­to­gra­phique du Chartrain Christophe Pénicaud [2]. Nous l’avons contac­té à cet effet.

Question : Lors d’un de ces col­loques, vous aviez expo­sé une série pho­to­gra­phique au Fonds régio­nal d’art contem­po­rain à Orléans. Que pen­sez-vous de ces colloques ?

 

Christophe Pénicaud [portrait]Réponse : Les col­loques orga­ni­sés tous les ans sont des moments très forts et je tiens à saluer le tra­vail réa­li­sé par les équipes de Mix-Cités pour la qua­li­té de l’organisation et des inter­ven­tions. Pour celles et ceux qui ne peuvent pas y assis­ter, il est pos­sible d’accéder aux actes des édi­tions pré­cé­dentes sur le site des Femmes des lumières et de l’ombre.

L’exposition avait été pré­sen­tée en marge d’une repré­sen­ta­tion théâ­trale: « Le faux pro­cès du corps des femmes », au cours de laquelle nous avons eu aus­si le témoi­gna­gede Khujasta Ghoori, une jeune femme méde­cin tout juste arri­vée d’Afghanistan en exil. Cette prise de parole avait été vrai­ment très émou­vante. A cette occa­sion, nous pou­vons rap­pe­ler ici que les femmes afghanes ont l’interdiction de prendre la parole en public.

 

Question : Quel était le sujet de l’an dernier ?

 

Réponse : L’an der­nier, le thème rete­nu était« Les femmes hors la loi ». Comme les lois sont depuis tou­jours et par­tout écrites par des hommes pour des hommes, c’était une très bonne idée de confier la pré­si­dence du col­loque à une avo­cate, Alima Boumediene-Thiery avo­cate au bar­reau du Val‑d’Oise, ex-séna­trice, ex-dépu­tée euro­péenne et mili­tante éco­lo­giste. On peut écou­ter gra­tui­te­ment le col­loque sur le site [3].

Dans son dis­cours de clô­ture, la pré­si­dente a sou­li­gné « la richesse de ce col­loque avec l’évocation de tous ces com­bats de femmes pour la jus­tice et la liber­té. Ces femmes sont sor­ties de l’ombre pour aller vers la lumière. Mais beau­coup se sont sacri­fiées par l’exil, la pri­son, l’hôpital psy­chia­trique et même la mort pour ten­ter de chan­ger nos socié­tés. De nou­velles formes de com­bats émergent comme les Femen et d’autres que l’on ne connaît pas encore. Mais les voies du mili­tan­tisme fémi­niste vont se pour­suivre ».

Je trouve tout à fait jus­ti­fié de rap­pe­ler ici l’exil. A cet effet, mon idée était jus­te­ment de tra­vailler pho­to­gra­phi­que­ment sur les réfu­giées dans la mesure où elles sont pour la plu­part hors la loi avant de quit­ter leur ter­ri­toire pour se retrou­ver sou­vent de nou­veau hors la loi (mais sous le coup d’une autre loi) à l’arrivée, faute de papiers. D’un point de vue pho­to­gra­phique, l’idée était de mettre en lumière cer­taines de ces réfu­giées mais sans leurs visages ni leurs mains.

 

Question : Pour cette année, que pen­sez-vous du sujet rete­nu ?

 

Question : Que vous ins­pire la pro­gram­ma­tion de cette année ?

Réponse : Étant don­né la pré­sen­ta­tion que vous venez de rap­pe­ler ain­si que la diver­si­té des inter­ve­nants, on peut s’attendre à un col­loque de très grande qua­li­té. À cet effet, avec ma femme Emmanuelle Péchenart, notre fille Adeline, nos amies Khujasta Ghoori, Marguerite Cottet et Chantal Gimmig, nous avons pré­pa­ré une série pho­to­gra­phique en essayant de faire écho avec le sujet de cette année, et qui n’en­gage que nous.

Notre idée a été de pré­sen­ter à nou­veau des femmes, mais cette fois-ci, en ne mon­trant que leurs mains.
Les pho­tos accom­pa­gnant cet entre­tien en donnent un aper­çu. On voit en par­ti­cu­lier des dan­seuses du spec­tacle de Nathalie Tissot, « La Pavane du Laboureur » au Compa cet hiver et aus­si au Musée d’Art et d’Histoire de Dreux en mai. A un autre endroit, il s’agit d’un détail d’une sculp­ture de Camille Claudel « La valse ». Sur la der­nière page, on recon­nai­tra le dra­peau pales­ti­nien et les manches de blouses ukrai­niennes de la Vyshyvanka.

 

Voici la pré­sen­ta­tion de la série écrite par Emmanuelle :

Dans le monde, les femmes pra­tiquent par­fois des métiers pres­ti­gieux, gagnent par­fois énor­mé­ment d’argent. Mais l’é­cra­sante majo­ri­té d’entre elles créent de la richesse sans s’en­ri­chir, tiennent de petits com­merces pour nour­rir leurs familles, pra­tiquent mille métiers sans salaire.

De leurs mains, elles cultivent, trans­portent, net­toient, pro­tègent, réparent, nour­rissent, fabriquent. Et aus­si elles ras­semblent, embel­lissent, fes­toient, et luttent.

Il existe des lieux où les femmes ne doivent pas mon­trer leur visage, ni même leurs mains.

Ici, nous mon­trons des mains de femmes.”

Par rap­port au sujet du col­loque, il m’a paru impor­tant de rap­pe­ler aus­si le tra­vail invi­sible des por­teuses de sel au Sahel dont vous aviez cou­vert la pré­sen­ta­tion d’une expo­si­tion que j’avais faite l’an der­nier dans le cadre du Festival AlimenTerre [4].

Le sel a été et reste une mon­naie d’échanges pour de nom­breux peuples. Bien qu’indispensable pour l’alimentation, il reste très peu rému­né­ra­teur pour celles et ceux qui l’exploitent. Au Sahel, le tra­vail du sel est dif­fi­cile. Surtout pour les femmes. Ce sont elles qui sup­portent les charges les plus lourdes. Sur une des pho­tos ci-des­sous, on voit en par­ti­cu­lier une femme pen­chée en avant : elle dépose un coquillage dans un seau, Elle fait cela à chaque rota­tion entre le rivage et le tas à 200 mètres de là, avec une bas­sine de 35 kg de sel mouillé sur la tête. Chaque coquillage ser­vi­ra pour cal­cu­ler la paye jour­na­lière. Un salaire de misère pour un tra­vail harassant.

Sur une autre pho­to, on voit le comp­table char­gé de la paye et qui passe toutes ses jour­nées à l’ombre contrai­re­ment aux femmes qui portent toutes ces charges sous un soleil sou­vent acca­blant. Depuis peu, une catas­trophe envi­ron­ne­men­tale a fait perdre au Lac Rose sa teneur en sel et la cou­leur de sa sur­face est pas­sée du rose au gris, pri­vant les femmes et les hommes des envi­rons de leurs sources de reve­nu… Pour moi, c’est une réa­li­té qui rentre aus­si dans le sujet du col­loque de cette année.

 

Question : Quels sont vos autres projets ?

 

Réponse : La série sur les mains va être pré­sen­tée le 28 sep­tembre dans le cadre de la fête sur la conver­gence des luttes à Tremblay-les-Villages, inti­tu­lée « On va tout fêter » [5].

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[1]https://www.femmesdeslumieresetdelombre.com/

[2]https://ensemble28.forum28.net/2022/09/22/orleans-colloque-theatre-exposition-les-femmes-et-leur-corps/

[3]https://www.femmesdeslumieresetdelombre.com/ecouter-le-colloque

[4]https://ensemble28.forum28.net/2023/11/24/christophe-penicaud-nous-parle-du-festival-alimenterre/

[5]Festival des luttes / Tremblay-les-Villages / 28 sep­tembre / 14 h. ► minuit