Interdit aux chiens et aux Italiens / CinéParadis / Chartres / 15 avril / 19 h. 30
13 place de la Porte-Saint-Michel
Extraits d’un entretien avec Alain Ughetto publié dans le dossier de presse du film
(mars 2022)
Comment est né ce projet ?
J’avais commencé une enquête sur mes origines italiennes, où j’ai retrouvé un grand nombre de témoignages, et j’ai appris qu’un village portait le nom d’Ughetto : Ughettera, la terre des Ughetto… Mais il ne reste plus rien de mes grands-parents là-bas. Puis j’ai retracé les contours des grandes guerres qu’ont connues mes grands-parents, les itinéraires qu’ils ont empruntés. Ils ont été naturalisés français deux mois avant la guerre, puis le territoire où ils vivaient a été envahi par Mussolini. Comment ont-ils vécu, ressenti tout ça ? Ce sont les questions qui m’ont guidé.
Pour ce film, vous êtes passé du documentaire à la fiction…
J’ai demandé à ma grand-mère Cesira, devenue pour l’occasion une marionnette de 23cm de haut, de me raconter son enfance, sa rencontre avec Luigi, le village d’Ughettera… ce qui n’aurait pas été possible dans un documentaire.
Comment avez-vous comblé les “trous” de cette mémoire familiale ?
J’ai eu recours à celle des oncles, des tantes. Et j’ai trouvé des informations sur mon grand-père, d’habitants de son village, dans un ouvrage de Nuto Revelli, Le Monde des vaincus. Et j’ai imaginé que ma grand-mère, cette vieille femme tout en noir que j’appelais “mémé”, avait dû être jeune et belle… Ce qui m’intéressait, c’était de faire revivre mes grands-parents. Et dans le film, c’est ma grand-mère qui raconte son histoire, comme un conte raconté à un adulte. C’est une histoire personnelle qui s’adresse à tous : on commence avec “Je”, avant d’arriver au “Nous”… On y parle de migrations, et les migrations sont inscrites dans l’ADN des peuples.