La Commune de Paris : 16 — 22 avril 1871
Nous nous proposons de tenir au fil des semaines une chronique des événements de la Commune de Paris. Après, une première chronique qui explique la genèse de cet événement, nous suivons les péripéties semaine après semaine. Voici la 5ème semaine.
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Commune de Paris
Éphéméride 16 — 22 avril 1871
1871
Avril
Le 16 : Décret de convocation des chambres syndicales ouvrières, adopté à l’unanimité (moins une voix) sur la réquisition des ateliers. Ceux-ci sont remis à des coopératives ouvrières, avec indemnisation des propriétaires. Le décret respecte la propriété privée, ne concerne pas les grandes entreprises, mais ouvre la voie aux collectifs de travailleurs organisés en coopératives, aux chambres syndicales. En effet, sur 600 000 ouvriers parisiens enregistrés comme salariés chez les petits patrons, seuls 114 000 ont un travail tant « l’offre » est affaiblie par l’abandon des entreprises par leurs propriétaires.
Initialement prévues le 10, élections complémentaires à la Commune : très peu de votants. Certains, dont le chartrain Rogeard, refusent de siéger, considérant qu’ils n’avaient pas eu le nombre de voix suffisant. Siègent en particulier Charles Longuet, Gustave Courbet, Eugène Pottier.
Londres : Vaste meeting de soutien à la Commune à Hyde Park.
Le 17 : 290 artistes élisent Courbet à la tête de la fédération des artistes de Paris. Dans Le Gaulois : « Vous payerez peut-être fort cher les folies de ce triste et grotesque carnaval. Vous ne serez plus ni roi, ni président, ni rien. Vous ne serez plus que Courbet, et Courbet sans talent. Bonsoir, monsieur Courbet, bonsoir ». Entre autres responsables, Achille Oudinot, architecte (des façades du Grand Cerf à Alençon, de la mairie de Nogent-le-Rotrou…) est nommé administrateur des musées du Louvre.
Fin du mouvement communaliste à Bordeaux.
Le 19 : La « Déclaration au Peuple français » écrite par Charles Delescluze et Pierre Denis, votée à l’unanimité moins une voix est publiée dans les journaux et affichée sur tous les murs : «…[la Commune] inaugure une ère nouvelle de politique expérimentale, positive, scientifique. C’est la fin du vieux monde gouvernemental et clérical, du militarisme, du fonctionnarisme, de l’exploitation, de l’agiotage, des monopoles, des privilèges, auxquels le prolétariat doit son servage, la Patrie ses malheurs et ses désastres…». Sorte de testament de la Commune, ce texte sera commenté par Karl Marx.
Les troupes de Versailles s’emparent d’Asnières.
La fin des communes de province laisse Paris à la merci de Versailles. Cinq membres du conseil, dont Jules Vallès et Delescluze interpellent: « Grandes villes de France, assisterez-vous immobiles et impassibles à ce duel à mort de l’Avenir contre le Passé, de la République contre la Monarchie ? »
Création dans le 17e arrondissement d’une «école publique ouverte aux enfants de tous les citoyens, croyants ou incroyants, avec neutralité de l’enseignement…».
Le 20 : Remaniement, proposé par Charles Delescluze, des neuf commissions.
Les bureaux de placement de la main d’œuvre, entreprises privées très florissantes, monopoles agissant bien souvent comme des “négriers”, sont supprimés et remplacés par des bureaux municipaux.
Affiche signée Gustave Courbet et Eugène Varlin : « Il incombe aux municipalités le soin de fournir des logements… Nous invitons les propriétaires et concierges des maisons où se trouvent des logements vacants à venir en faire la déclaration à la mairie dans le plus bref délai. »
Le 21 : Thiers impose un blocus ferroviaire de Paris. Les versaillais entrent dans Paris, occupent Auteuil et Passy dont les habitants leur sont plutôt favorables.
La Montagne publie « Les chiens mordront les évêques », article anticlérical de Gustave Maroteau qui entraînera sa condamnation à mort lors d’un procès de communards.
Le travail de nuit des boulangers est supprimé. Loi sur les loyers.
Le 22 : La fédération des artistes se voit attribuer les salles de spectacle non occupées et appartenant à la ville, « pour que soient organisées des représentations au bénéfice des veuves, blessés, orphelins et nécessiteux de la garde nationale ».
La Commune met en place les boucheries municipales.
Ouverture d’une école communale gratuite, située au 157 Faubourg Saint-Martin.
L’Illustration publie un portrait assez positif du général en chef de la Commune, Jaroslaw Dombrowski, polonais, qui avait été condamné à mort par les Russes.