La Commune de Paris : 2 — 8 avril 1871

Nous nous pro­po­sons de tenir au fil des semaines une chro­nique des évé­ne­ments de la Commune de Paris. Après, une pre­mière chro­nique qui relate les mois ayant pré­cé­dé l’insurrection, nous avons déjà publié la 1ère semaine et la 2ème semaine. Voici la 3ème semaine.

Commune de Paris

Éphéméride 2 — 8 avril 1871

 

1871

Avril

Le 02 : Offensive sur­prise de 130 000 Versaillais sur Courbevoie.

Décret sépa­rant l’Église de l’État voté à l’unanimité : la « liber­té de conscience est la pre­mière des liber­tés ».

Manifestation des femmes, 3 avril 1871

Manifestation des femmes, 3 avril 1871

Le 03 : La contre-offen­sive (avec 20 à 30 000 hommes) sur Rueil, Bougival et Châtillon échoue, Gustave Flourens est sabré puis fusillé, plu­sieurs dont Émile Duval sont fusillés, 1000 tués, envi­ron 3200 hommes pri­son­niers dont Élisée Reclus.

Début du bom­bar­de­ment de la capi­tale (pen­dant six semaines) et du second siège ordon­nés par Thiers. « Les com­bats du début d’avril inau­gurent la guerre civile »1 .Les Fédérés sont encer­clés au nord et à l’est par les Prussiens et au sud et à l’ouest par les Versaillais.

1 200 femmes et quelques gamins avec dra­peaux et insignes rouges en marche vers Versailles, sont arrêté·e·s au pont de Grenelle par les diri­geants de la Commune crai­gnant pour elles la bru­ta­li­té des répres­sions ver­saillaises. En fait, ils sont hési­tants sur cette action.

Les trai­te­ments des fonc­tion­naires ne pour­ront plus dépas­ser 6 000 francs annuels.
Mise en accu­sa­tion du gou­ver­ne­ment de Thiers.

Le 04 : Bombardement de la Commune de Marseille.

Le 05 : Suspension de jour­naux consi­dé­rés comme pro-ver­saillais.

Création des bureaux pour « grou­per les offres et les demandes concer­nant l’industrie et le com­merce ».

Cérémonie démo­cra­tique de réap­pro­pria­tion de l’église Sainte-Geneviève, rede­ve­nant ain­si le Panthéon : devant une foule immense, deux ouvriers scient les branches et la croix située au som­met pour la rem­pla­cer par un dra­peau rouge.

Décisions de la Commune :

  • Décret dit « des otages » en riposte aux exé­cu­tions sans juge­ment deux jours aupa­ra­vant, de Flourens et Duval, entraî­nant la démis­sion de quatre élus de la Commune. Arrestation de 74 otages, dont l’archevêque de Paris, Mgr Darboy.
  • Mobilisation volon­taire des jeunes hommes de 17 à 19 ans et ser­vice obli­ga­toire pour ceux de 19 à 40 ans. Pratiquement sans expé­rience mili­taire, répu­bli­cains certes, ils sont aus­si indisciplinés.

Les habitants du quartier de la Roquette brûlant la guillotine place Voltaire, 6 avril 1871 [gravure parue dans Le Monde illustré]

Les habi­tants du quar­tier de la Roquette brû­lant la guillo­tine place Voltaire, 6 avril 1871 [gra­vure parue dans Le Monde illustré]

Mac Mahon est nom­mé com­man­dant en chef de l’armée versaillaise.

Le 06 : Funérailles des fédé­rés morts au com­bat : des dizaines de mil­liers de per­sonnes suivent jusqu’au Père Lachaise les cata­falques recou­verts de voiles noirs et de dra­peaux rouges, les tam­bours voi­lés, les familles, les ambu­lan­cières avec bras­sard et écharpe rouge de la Commune .

À par­tir de ce jour et jusqu’au 10 sep­tembre, ce sont au total 27 837 pri­son­niers qui sont emme­nés à Versailles par convois de wagons à mar­chan­dises fermés.

Un bataillon de la Garde Nationale brûle deux guillo­tines devant la sta­tue de Voltaire : il s’agit de dénon­cer la domi­na­tion monar­chique du régime pré­cé­dent et d’affirmer le refus d’une nou­velle Terreur. «  Ce que nous vou­lons, ce n’est pas l’incendie de l’échafaud, c’est l’abolition de la peine de mort. » écrit Henri Rochefort dans Le Mot d’Ordre.

Désarmement des Gardes natio­naux anti-communards.

Manifeste de la Franc-Maçonnerie, 8 avril 1871

Manifeste de la Franc-Maçonnerie, 8 avril 1871

Le 07 : Ferdinand Gambon sug­gère « d’envoyer dans toutes les grandes villes des citoyens qui acti­ve­ront le mou­ve­ment com­mu­nal et sou­lè­ve­ront les répu­bli­cains contre le gou­ver­ne­ment de Versailles. C’est à ce prix, ajoute-il, que la Commune peut être sauvée. »

La com­mis­sion exé­cu­tive de la Commune de Paris pro­clame : « Tout le Centre est levé… la Nièvre a ses hommes debout.» 

Le 08 : 150 000 Kabyles rejoignent le mou­ve­ment d’El Mokrani et se rap­prochent d’Alger.

La Commune décide qu’elle ver­se­ra une pen­sion à tous les bles­sés, aux veuves et orphe­lins des tués au combat.

Des francs-maçons publient un mani­feste deman­dant l’arrêt des com­bats : ils somment l’Assemblée d’empêcher « l’effusion de ce sang pré­cieux ».

La com­mis­sion de la jus­tice exige que les cas des sus­pects arrê­tés par le Comité cen­tral de la Garde natio­nale ou la Sûreté reçoivent une ins­truc­tion immédiate.

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  1. Michelle Zancarini-Fournel, Les Luttes et les Rêves, édi­tions Zones, 2016.